jeudi 14 janvier 2010

La robe de mariée de Gisèle Schmidt




Avec La robe de mariée de Gisèle Schmidt, l'actrice et metteure en scène Julie Vincent rend hommage à l'une des premières figures du paysage théâtral québécois.

Gisèle Schmidt est décédée le 30 janvier 2005, à l'âge de 84 ans. «Pour cette femme qui est née à la fin du cinéma muet, la quête d'amour était un train puissant qui menait à la liberté, à la connaissance, a raconté Julie Vincent en apprenant sa mort. Gisèle était un réservoir poétique. Elle a toute sa vie cultivé le goût des mots, qu'elle a transmis aussi par l'enseignement. Elle s'est inscrite en nous avec sa voix unique, celle d'une fabuleuse actrice. Jusqu'à la fin, elle fut une artiste. Son originalité était solitude.

lle se battait contre la laideur, contre la stupeur, contre le pouvoir du vide, en lisant Proust et Rilke au bord du fleuve. La nouvelle de sa disparition nous frappe en plein coeur. Gisèle, on l'aime, on l'aimera toujours! Sa présence nous procurait un grand bien-être. Les acteurs sont des passeurs, disait Gisèle, des passeurs de rêve.» Paru dans Le Devoir quelques jours après la mort de la comédienne, cet extrait du témoignage de Julie Vincent illustre l'admiration que cette dernière entretenait à l'égard de la grande dame. Et la reconnaissance qu'elle lui vouait pour lui avoir donné accès à son coeur et lui avoir permis de tisser autour de son image l'intrigue des six histoires d'amour «poético-érotiques» de La robe de mariée de Gisèle Schmidt.

Précisant qu'il ne s'agit pas d'une biographie mais de petites nouvelles en forme de théâtre, Julie Vincent raconte le rôle que son inspiratrice a joué dans le déroulement de sa création. «Au moment où j'ai commencé l'écriture du texte, Gisèle vivait. Je lui téléphonais. Je la visitais dans le Bas-Saint-Laurent elle a vécu ses cinq dernières années. Elle m'écoutait lire, assise à ses pieds, des passages entiers. Malgré ma cinquantaine, elle me donnait du "jeune fille"! Il s'est passé quelque chose de femme à femme dans nos rencontres, à travers nos échanges et nos silences. C'était simple. Joyeux. Gisèle était heureuse de savoir qu'une pièce où elle tenait le rôle d'observatrice était en train de s'écrire et lui survivrait. Maintenant, elle est disparue. Mais elle continue d'être terriblement présente. En fait, elle est au centre de la pièce. Sans jamais la voir, nous la sentons nous regarder. Son fauteuil est omniprésent sur la scène. Pour nous, elle est toujours face au fleuve où elle rêve à ce qu'on est en train de jouer à Montréal.»

Au bout du fil, la voix de Julie Vincent est une corde de violon. Une porcelaine gravée de souvenirs. Jointe par téléphone en décembre 2005, alors qu'elle et son équipe étaient en plein coeur des répétitions, celle qui fut son amie de fin de vie évoque des pans du long et intense parcours de Gisèle Schmidt sur cette terre où elle a endossé intensément tous les rôles qui lui ont été confiés : comédienne, épouse et mère, éternelle amoureuse. «Gisèle assumait sa nature expansive. Elle avait une personnalité aussi profonde que légère, tout aussi singulière que celles de Jeanne Moreau et de Juliette Gréco. Sa quête amoureuse n'était pas fleur bleue. Plutôt, oui, un train en marche! Dans sa jeunesse, elle a ressenti un vertige terrible en interprétant Bérénice de Racine. Ce type de vertige, elle l'a recherché durant toute son existence.» Une existence consacrée au théâtre où, selon ses propres propos, Gisèle Schmidt était venue pour être aimée et aimer.

Née à Montréal en 1921, d'un père d'origine allemande, employé de chemin de fer, et d'une mère canadienne-française, mais élevée par ses grands-parents, celle qui sera consacrée Reine de la radio en 1953 a entrepris sa carrière officielle à l'âge de 16 ans. Mais il y avait déjà belle lurette qu'elle s'adonnait au plaisir des mots et de l'interprétation! D'après les confidences faites à Julie Vincent, elle serait allée frapper un jour à la porte de la célèbre professeure de diction, Mme Audet, pour demander de l'eau alors qu'elle campait avec les guides dans le bois avoisinant la résidence de celle-ci. Un lien se crée. La petite a du talent. Mme Audet la prend sous son aile et lui façonne l'âme d'une remarquable tragédienne.

http://www.rezolibre.com/images/2-89024-162-9.jpg

http://www.madame.ca/loisirs_culture/personnalites/hommage-a-gisele-schmidt-n234713p1.html

Merci Julie Vincent pour cette oeuvre.
Il fallait immortaliser une grande dame comme celle-là.
"Atalante" reparlera assurément d'elle.
D'ici là, faute d'avoir assisté- grand malheur , pourquoi les billets de théâtre sont-il aussi chers ? - à la pièce lors de sa création, je me reprendrai à sa lecture. Vive la Grande Bibliothèque.


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