lundi 23 mars 2009

Don Bosco 6


Ce hangar, situé dans le quartier du Valdocco, fut le berceau du nouvel ordre, et ce fut sur son emplacement même que l'on édifia l'Oratoire de Saint-François-de-Sales, tel qu'il existe encore. Le jour de Pâques, l'on prit possession des lieux, l'on y installa une chapelle et Don Bosco prononça ces paroles vraiment prophétiques: "Mes enfants, un jour ou l'autre, à cet endroit, s'élèvera l'autel d'une église; vous y communierez et vous y chanterez les louanges du Seigneur."

Et, en effet, une fois fixée au sol, l'oeuvre acquit un développement prodigieux. Le nombre des enfants monta encore et atteignit le chiffre de 700. Don Bosco ne pouvait plus suffire à sa tâche. Il ft choix alors des jeunes gens les mieux doués de ses classes et leur donna une éducation complète, à condition qu'ils deviendraient à leur tour les professeurs des autres.

Mais une question le préoccupait. L'expérience lui démontrait que, tant qu'il n'aurait pas ces enfants à lui, chez lui, son labeur serait inexact et incomplet. Il ne surveillait réellement ses élèves que le soir et le dimanche et, le reste du temps, ils étaient libres, les uns travaillant, les autres errant, eu mendiant leur pain, par les rues. Ils risquaient chaque jour de sombrer; Don Bosco se répétait qu'il fallait à tout prix les nourrir et les loger et leur faire apprendre un métier chez lui. Mais comment agir? L'argent et la place manquaient.

Il appela auprès de lui sa mère; elle aliéna le peu qui lui restait; lui-même toucha quelques sous en vendant une montre et ils louèrent deux chambres attenant au hangar et y déposèrent leur mobilier qui se composait de deux lits, de deux bancs, de deux chaises, d'une malle, d'une table, d'un pot, d'une casserole et de quelques assiettes.


La vie fut alors réduite à sa plus simple expression. Don Bosco faisait le gros ouvrage, montait l'eau, sciait le bois, allumait le feu, écossait les haricots, pelait les pommes de terre; sa mère prenait soin du ménage et raccommodait les nippes des indigents. Ils vivaient, eux-mêmes, ainsi que ces mendiants qu'ils assistaient: un bol de soupe, un morceau de pain quand il y en avait, un verre d'eau claire et c'était tout. Faute de place, l'on s'installait comme l'on pouvait; les uns s'asseyaient sur une marche d'escalier, les autres sur le carreau de la pièce, d'autres encore sur le pas de la porte ou sur un pavé dans la cour.

Mais tant que la question de l'argent persistait et tant que les enfants n'étaient pas logés, aucune emprise d'âme durable n'était possible. N'y tenant plus, Don Bosco loua un fenil dans le voisinage; il y mit de la paille et des couvertures et il put y installer ceux de ses enfants qui se trouvaient sans aucun domicile; seulement, il en recueillit d'autres qu'il rencontra dans des terrains vagues et il éprouva quelques mésaventures avec eux, car ils filèrent, un beau matin, en lui emportant ses couvertures. "Ce n'est pas encore cela, se disait-il. Il conviendrait de les avoir sous les yeux, sous la main, chez soi et non au dehors."


Il la découvrit cependant. La Providence lui envoya, un soir, un apprenti maçon qui criait famine et qui, trempé par la pluie, se mourait de froid ; puis ce fut un autre qui vint; bientôt ils furent sept et enfin quinze. Les deux petites pièces dont l'une servait de cuisine et de chambre à la mère, et l'autre de chambre à Don Bosco, ne pouvaient plus les tenir.


- Il y a un moyen de s'en tirer, dit soudain Don Bosco à sa mère, je vais acquérir la maison de Pinardi, j'ai vu ce brave homme, il me la laisserait pour 30.000 francs. - Où prendras-tu l'argent? s'exclama la brave femme, nous n'avons que des dettes! - Voyons, si vous en aviez, de l'argent, m'en donneriez-vous? - Évidemment. - Eh bien, pourquoi supposer que le Seigneur, qui est riche, serait moins généreux que vous?

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