lundi 20 juillet 2009

La cité radieuse des chats

Cité radieuse des chats de Brian Jungen.
Brian Jungen s'intéresse aux unions hybrides et aux mélanges hétéroclites des cultures. Il crée des interférences entre différents univers parfois si éloignés qu'ils s'entrechoquent en livrant un message critique. Ceux de l'écologie, de l'anthropologie, de l'ethnologie ou encore de la mythologie sont de prédilection. Les archétypes sociologiques, comme la culture de masse et les matériaux préfabriqués, sont également des sources d'inspiration.

À nouveau, deux univers se juxtaposent dans l'œuvre qu'il présentera à la Fonderie Darling : une cité idéale pour chats errants, érigée d'après les plans d'Habitat 67. Inspiré de la Cité Radieuse de Le Corbusier, qui préconisait la normalisation esthétique «pour plus d'harmonie», Moshe Safdie conçoit et réalise le révolutionnaire Habitat 67 à l'âge de 23 ans. Son principe, basé sur l'assemblage de modules préfabriqués en béton, en fait une architecture de mass production, à laquelle sont étroitement associés les idéaux de communauté et d'égalitarisme. Or, Habitat 67 est ironiquement est devenu l'un des logements les plus coûteux de Montréal.

À l'intérieur d'une réadaptation de cette structure, Jungen introduit des chats orphelins. Pour eux, l'artiste crée une véritable cité de luxe, faite de modules inter-reliés. Par le fait même, chaque chat faisant partie d'Habitat 04 devient imprégné de tout le sens attaché au nom de Brian Jungen dans le milieu de l'art actuel. Aux dires de Kitty Scott, conservatrice d'art contemporain au Musée des Beaux-Arts du Canada à Ottawa : « Cette réinterprétation du complexe aux chats affranchis permet à l'artiste de récupérer un peu de l'intention originelle de Safdie ».

L'artiste va même au-delà de la simple compassion en s'adjoignant la collaboration inédite de la SPCA, organisme de protection des animaux dont la réputation n'est plus à faire. L'intention de cette association est de créer un mécanisme d'adoption sur place, inspiré du « Sanctuaire des chats » sur la colline parlementaire d'Ottawa, où des volontaires ont édifié un abri pour chats errants. En ajoutant cette dimension éthique à son œuvre, Jungen fait une fois de plus la preuve de sa croyance en un art engagé, qui va au-delà du simple cadre de l'exposition. C'est d'ailleurs là tout le sens de l'événement présenté. Car bien davantage qu'une exposition, l'artiste a imaginé Habitat 04 comme une façon d'appuyer la cause de la SPCA, cause que lui, comme son œuvre, épousent totalement.
Originaire de Fort St-John en Colombie-Britannique, Brian Jungen vit et travaille à Vancouver. Il est représenté par la Galerie Catriona Jeffries de Vancouver depuis 2002. C'est en 2003 qu'il amorce une carrière internationale en Europe et aux États-Unis.Habitat 04 a été présenté
Un autre rendez-vous manqué.
Je vous proposerai Moshe Safdie un autre tantôt.

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