vendredi 17 juillet 2009

Le salaire de la peur

(Québec) Trop de jeunes accumulent les échecs à l'école et décrochent du système scolaire sans avoir obtenu leur diplôme d'études secondaires. Pour près de la moitié des Québécois, il suffirait que le gouvernement verse une rémunération aux élèves pour que le succès et la persévérance soient au rendez-vous. C'est un leurre!
Un incitatif financier ne peut à lui seul valoriser l'école et l'importance de l'éducation aux yeux d'un adolescent... et de ses parents. Un chèque, aussi gros soit-il, ne fait pas non plus disparaître par magie les difficultés d'apprentissage ou les troubles de comportement. Les mathématiques et les règles de grammaire ne deviennent pas plus faciles à maîtriser parce que la réussite des cours s'accompagne d'espèces sonnantes. L'argent ne transforme pas non plus automatiquement un milieu familial perturbé et non stimulant.
Penser que la rémunération des élèves peut être une solution au décrochage relève de la pensée magique et repose sur des informations incomplètes.
Certains prennent l'exemple d'un programme mis en place en 2001 à Regent Park, à Toronto, pour dire que le soutien financier aux élèves donne des résultats tangibles. Dans ce quartier défavorisé, le taux de décrochage est passé de 56 à 10 % et le taux d'absentéisme a chuté de 60 % depuis l'introduction du programme. La recette est donc appliquée au Québec depuis 2007, à Verdun. Des résultats positifs sont déjà constatés.
Sur quoi repose ce succès? Sur les bourses cumulatives de 500 $ par année que le jeune peut toucher à la fin de son secondaire et sur le soutien financier qu'il peut recevoir en cours d'année pour acheter des billets d'autobus et des repas à la cafétéria? Le programme est beaucoup plus complet et c'est sûrement cela qui fait la différence entre la persévérance et le décrochage.
Outre un soutien financier, les élèves de l'école secondaire de Verdun ont aussi droit à un soutien scolaire, social et personnalisé. Tutorat dans cinq matières essentielles, activités de groupe pour favoriser l'estime de soi et le sentiment d'appartenance, liens soutenus entre les personnes qui gravitent autour de l'élève s'ajoutent au volet financier. C'est beaucoup plus qu'une paye pour rester sur les bancs d'école.
Il est illusoire de penser que l'attrait d'une bourse de 2500 $ peut inciter un jeune à poursuivre ses études. L'adolescent qui ne veut plus rien savoir de l'école et qui a l'impression d'y perdre son temps calculera rapidement qu'il gagnera plus en travaillant au salaire minimum ou en comptant sur l'aide sociale.
La réussite scolaire ne s'achète pas et ne vient pas sans les efforts soutenus et constants de l'enfant, de ses parents, de l'école et de la communauté.

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