samedi 22 août 2009

La fin des téléromans à l'ancienne?


La fin des téléromans à l'ancienne?

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Le 3 février 2005, un petit article du journal Le Devoir sous la plume de Paul Cauchon nous apprenais la fin du téléroman Le bleu du ciel de Victor-Lévy Beaulieu avec, en prime, une déclaration de Mario Clément, directeur des programmes à Radio-Canada, décrétant que : « c’est le dernier téléroman à l’ancienne que nous diffusons ». Je ne sais pas si Le bleu du ciel méritait ou non d’être retiré des ondes mais je suis certain que ce monsieur Clément a tort de rejeter du revers de la main les « téléromans à l’ancienne » sans considérer qu’il s’agit aussi, même avec leurs faiblesses et leurs défauts, d’un héritage important de la culture du Québec contemporain.
Je tiens donc ici à relever trois aspects importants qui faisaient, à mon avis, la force des « téléromans à l’ancienne » et que nous risquons de perdre dans le charabia diffus des séries actuelles.
Les plus importants téléromans québécois sont d’origine littéraire : La famille Plouffe de Roger Lemelin, Le Survenant de Germaine Guévremont, Les Belles Histoires des pays d’en-Haut de Claude-Henri Grignon, La Petite Patrie de Claude Jasmin et, bien sûr, les nombreux téléromans de Victor-Lévy Beaulieu (Race de monde, L’Héritage, Bouscotte) parmi d’autres.
Le retrait du Bleu du ciel et du « téléroman à l’ancienne » marque-t-il la fin de cette tradition ? Il faut espérer que non.

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Nos téléromans ont souvent trouvé le moyen d’être des témoins utiles de l’évolution du Québec. Il suffit de penser aux téléromans de Janette Bertrand ou de Lise Payette qui, à leur époque, illustraient les changements que vivaient le Québec d’alors et même se montraient audacieux sur certaines questions. Que reste-t-il de cela dans les séries d’aujourd’hui ? Pas grand chose, il me semble...
Il paraît plutôt que les séries actuelles se dispensent de retenir les enjeux sociaux ou sinon, elles les travestissent de manière superficielle. (... )Perdra-t-on avec la fin du « téléroman à l’ancienne », cette sorte de forum populaire que furent autrefois certains oeuvres télévisuelles québécoises simplement au profit de productions sans substance et désincarnées ?

Les gens habitant les régions québécoises écoutent aussi les « téléromans à l’ancienne » et ces productions ont su présenter leur milieu de manière parfois fort attachante. Il suffit de se rappeler des téléromans de Pierre Gauvreau et notamment Le Temps d’une paix en lien avec Charlevoix pour savoir jusqu’à quel point ce lien avec le cadre régional -notamment par le biais de tournage en région- a pu être riche et significatif à une certaine époque. Nous ne disons pas ici que la formule était parfaite car, le plus souvent, elle reposait sur la nostalgie et sur un recours au folklore parfois de mauvais aloi. Mais que restera-t-il du vécu régional dans les « nouvelles productions » ? À ce jour, rien du tout. - ou pas grand chose : atalante )
Les gens des régions ont aussi droit à se voir représenter à la télévision. Le « téléroman à l’ancienne » a fait ses preuves à ce sujet et il faut peut-être s’inquiéter de le voir disparaître sans même qu’un débat public ne se fasse.

Mais au fait, changer le « téléroman à l’ancienne » pour quoi ?
Pour faire moderne, pour éviter le traditionnel ? Rejeter cette forme d’écriture c’est aussi renoncer à un héritage qui n’est pas sans valeur et qui a fait ses preuves. Serait-il possible de renouveler le genre sans en perdre la substance ?
En regardant quelques séries actuelles fort coûteuses et si peu intéressantes, il semble difficile de se convaincre que cette « évolution » n’est pas une perte réelle pour la vie culturelle et l’évolution sociale du Québec.

(Extraits ) Serge Gauthier 05-05-2005
http://www.action-nationale.qc.ca/index.php?option=com_content&task=view&id=229&Itemid=36

1 commentaire:

Esther a dit…

100% d'accord au sujet des téléromans...rien de comparable nous est soumis suite aux chefs-d'oeuvre des Guèvremont, Lemelin...il est vrai que les dialogues n'étaient pas toujours très élaborés mais le patrimoine, les traditions etc y étaient. Pas étonnat que de plus en plus de personnes de notre génération n'écoutent plus la télé
non seulement nous ne nous y reconnaissons pas mais on aime mieux ne pas s'y reconnaître........

Merci encore pour les recherches.

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