samedi 15 août 2009

Quans les canots dansent au fil de l'eau


«On a voulu se faire un beau petit spectacle intime et écologique, quelque chose entre nous, mais, comme la rivière est très large et très longue, on s'est retrouvé tout à coup dans une méga production malgré nous, a expliqué Robret Lepage. Ce n'est pas le Moulin à images, c'est sûr, mais les gens vont reconnaître un peu la démesure de certains de mes projets.»
L'expression canotgraphie prend tout son sens quand on voit glisser les embarcations sur le fil de l'eau. Parcourue de mouvements naturels et fluides, la surface liquide, transformée tout à coup en scène, devient le théâtre d'un élégant ballet.

Quelques secondes d'observation suffisent pour comprendre que, oui, on peut faire danser un canot.

À mi-chemin entre l'art et le sport, la canotgraphie - un néologisme créé par le canoteur de Québec Jean Légaré à partir des mots canot et chorégraphie - suppose une précision et une habileté qu'on ne peut atteindre qu'en se soumettant un à entraînement rigoureux et intensif. Les adeptes de cette nouvelle discipline, sachez-le, sont habités par une authentique passion.
C'est donc dire que le spectacle mis en scène par Robert Lepage dans le cadre du 2e Festival de canotgraphie de la Haute-Saint-Charles au Château-d'Eau de Loretteville, samedi à 21h30, met en vedette de vrais athlètes. Parmi eux, on retrouve notamment la championne du monde de la discipline, la canoteuse états-unienne Karen Knight.
Concept inédit
Présenté comme un pageant, c'est-à-dire une sorte de défilé ou de procession, le concept inédit fait également appel aux arts du cirque, à la danse et à la «marionnetterie», le tout appuyé par des éclairages, des projections vidéo et une musique originale. Une vingtaine d'artistes se joignent à la dizaine de canoteurs et de kayakistes.
«C'est plus une fête qu'un spectacle», faisait remarquer Robert Lepage au groupe de journalistes rencontrés aux abords de la rivière Saint-Charles, jeudi. Le metteur en scène y voit également l'occasion d'une rencontre entre les communautés française, anglaise et autochtone qui, au cours des derniers siècles, ont occupé le secteur et joui de ses charmes naturels.
«On a voulu se faire un beau petit spectacle intime et écologique, quelque chose entre nous, mais, comme la rivière est très large et très longue, on s'est retrouvé tout à coup dans une méga production malgré nous, a-t-il expliqué. Ce n'est pas le Moulin à images, c'est sûr, mais les gens vont reconnaître un peu la démesure de certains de mes projets.»
Le site, dont on s'est assuré de préserver autant que possible l'état original, ne peut accueillir plus de 720 spectateurs.
Un système sonore individuel consistant en une paire d'écouteurs sans fil sera remis à chacun d'eux. Ce dispositif permettra de réduire à presque zéro l'impact sonore du spectacle de 90 minutes. «En principe, le voisinage ne devrait pas être conscient de notre présence», a assuré Robert Lepage qui, manifestement, a tiré des leçons de son Moulin à image. Tout ce qu'on pourra entendre, selon lui, ce sont les applaudissements du public et le rythme des tambours autochtones. La trame exécutée en direct par un ensemble de musiciens installés sur la terrasse du Château-d'Eau sera diffusée uniquement par l'entremise du système d'écouteurs. L'étage supérieur du bâtiment a d'ailleurs été temporairement aménagé en studio de prise de son.
Deux jours d'activités
Pour Jean Légaré, président du Festival de canotgraphie de la Haute-Saint-Charles et propriétaire de l'entreprise Canots Légaré, l'événement devrait permettre de mieux faire connaître chez nous une discipline déjà populaire en Ontario et dans le Midwest américain. «On est seulement à notre deuxième édition et on sent l'engouement», fait-il valoir.
Il est à noter que les activités du Festival se déroulent samedi et dimanche toute la journée. Excursions, visites, démonstrations de canotgraphie face au quai de départ de Canots Légaré, service de navette, camping, tout a été planifié pour permettre aux amateurs de tout âge d'en profiter.
Vous voulez y aller?
QUOI : Festival de canotgraphie de la Haute-Saint-Charles
QUAND : 15 et 16 août
15 août à 21h30: Spectacle mis en scène par Robert Lepage
OÙ : Château-d'Eau de Loretteville
TARIF : 25 $ par jour
LAISSER-PASSER : 45 $ pour le festival (incluant le spectacle de samedi)
Source : Le Soleil ( Richard Boisvert )

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