jeudi 13 août 2009

Six dans la cité




Vous vous ennuyez de La bande des six? Vous n'êtes pas seul. Avec la disparition de ce magazine culturel mythique, où tous les coups étaient permis, la critique a été longtemps évacuée de la télévision. Tout à coup, tout le monde est devenu beau et gentil. Quoi de plus drabe pour promouvoir la culture?
Bien qu'elle ne soit pas adepte de la critique destructrice, l'animatrice et musicienne Catherine Perrin croit que le public manque de repères avec cette frilosité ambiante. «Après La bande des six, il y a eu une sorte de traumatisme collectif. On a censuré la critique, et ça a duré un bon 15 ans. Il a fallu réintroduire la critique, parce qu'on étouffe à un moment donné.»

Six dans la cité, le nouveau magazine culturel de Radio-Canada, n'a pas l'intention de ressusciter La bande des six telle qu'elle a existé, de 1989 à 1993. De toute façon, recréer le phénomène aujourd'hui serait impossible, croit Catherine Perrin. «Il y a 20 ans, c'était peut-être nécessaire de donner un coup de fouet au milieu artistique en étant un peu baveux. Plus aujourd'hui.»
En réalité, si la maison de production Bubbles Télévision a renoncé au titre On fait tous du showbusiness, que portait l'émission de Catherine Perrin depuis deux ans, c'est pour ne plus payer les droits d'auteur de la chanson interprétée par Diane Dufresne. On en a alors profité pour modifier la formule et adopter ce nouveau titre, Six dans la cité, faisant à la fois un clin d'oeil à la défunte Bande des six et à la série américaine Sex and the City. L'émission de 90 minutes commence le dimanche 13 septembre, 15h, à Radio-Canada.
L'occasion était belle de créer une équipe de chroniqueurs passionnés et aguerris, dont deux anciens de La bande des six, Nathalie Petrowski (chroniqueuse à La Presse) et René Homier-Roy (animateur à Radio-Canada). «Ils ont bien vieilli, je trouve. Avec plus de générosité qu'à l'époque, de compréhension de la création», affirme l'animatrice. Franco Nuovo (animateur à Radio-Canada), Geneviève Guérard (animatrice et ancienne ballerine) et Marie-Christine Blais (journaliste à La Presse) complètent cette nouvelle bande, qui participera à des joutes plus relevées qu'à On fait tous du showbusiness.
Alors que la télé a tendance à rajeunir ceux qui occupent l'antenne, la moyenne d'âge des coéquipiers de Catherine Perrin augmente pour la prochaine saison. «Radio-Canada voulait avoir le même monde toutes les semaines sur le plateau, alors que nos collaborateurs se relayaient les années passées. Ça nous prenait des gens qui avaient plus de kilométrage derrière eux, qui en avaient vu plus», explique Catherine Perrin.
L'animatrice précise toutefois qu'on ne doit pas s'attendre à une séance de règlements de comptes et d'envolées spectaculaires. Condescendance et opinions à l'emporte-pièce seront bannies. «Je ne voudrais jamais qu'on se serve de quelque chose qu'on n'a pas aimé pour donner un show, ce qui se faisait à l'époque. Étant moi-même musicienne, je ne pourrais pas vivre avec ça. Geneviève Guérard non plus. S'ils ont la tentation de retomber là-dedans, nous allons les ramener un peu à l'ordre.»
Les artistes pourront répondre à l'invitation de Six dans la cité et se rendre sur le plateau sans craindre les foudres du groupe. Pas de confrontation de style Bande des six, où les invités pouvaient se faire démolir devant les caméras. «Aujourd'hui, les producteurs ne laisseraient plus leurs artistes venir en direct recevoir une critique, ça ne passerait pas. Le seul ring où ils iraient, c'est à Tout le monde en parle.»
L'équipe de Catherine Perrin a dû quitter avec regret le magnifique loft qu'elle occupait durant la dernière saison pour s'installer dans un studio de Radio-Canada. Un des compromis qui attendait l'émission, contrainte, comme toutes les autres dans la boîte, à des coupes budgétaires.
Les habitués de l'émission C'est bien meilleur le matin, à la Première chaîne radio de Radio-Canada à Montréal, n'auront plus le plaisir de se réveiller avec Catherine Perrin cet automne. Après quatre années aux côtés de René Homier-Roy, l'animatrice a choisi à regret d'y renoncer, pour des raisons familiales. Membre du trio Bataclan, elle pourra s'adonner davantage à sa carrière de claveciniste.
Reste à voir si ces Six dans la cité accepteront les commentaires des chroniqueurs télé cet automne, ou s'ils sortiront leurs griffes comme à l'époque de La bande des six!

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