vendredi 4 septembre 2009

Déambulatoire




À Jacques Prévert

Dense pluie

il déambule
pas et frasque de pas
semelles de passages
en dédale d’abîme
sous les pas
se déhanche en lassitude de pas

avec un peu de trottoir
de maisons sales
embuées
d’ennui
d’inconnus transis
sur des bancs mouillés
rouilllés

et il vague il vague il flaque
et cherche et en déverse
ses arêtes
sur les peaux flasques
des pollutions nocturnes

il déambule
dans les rafales
de diagonal de droite de gauche
et de bas
de bas surtout

dans l’eau
parmi les femmes
les âmes de gazelle
et les hommes en bretelle

dans le déferlement des klaxons
des ultra-rayons des lasers des néons
dans le traffic des nuits
des horreurs de l’ennui

il fuit laviolence de ses cris
se fuit
s’interpelle dans les luminaires
les débarcadères

il piétine se cogne
aux corps ivres
aux sans-clefs
aux âmes blessés
qui lorgnent du côté
des fêtes dans les maisons
où la lumière baigne

il sourit
aux uns aux autres aux deux
aux sans deux aux sans un aux sans nous
aux sans voies
qui soûlent de pavé et de ville
et de nuit comme lui

tout ou presque est clos mort
sauf pour les fêtards
les couches-tards
les marcheurs noctambules
les chats noirs
et les rats en entonoir
en dessous des trottoirs

plus il cherche plus il pleut
plus tout fuit
et il reste avec les seuls pas
q’il lui reste

appelle cherche
une île de sourire
cherche s’enbrûme cherche
se cherche

et se retrouve défait stupéfait
réveillé par des feux roulants de bruits

c’est le matin
il est couché sur un banc public
et se rendort

sa nuit est en retard
1993-2009

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