lundi 8 mars 2010

Le blues s'affine et s'en vient sur nos planches....

«Je suis un Gene Kelly: je chante, je... (Photo: Ivanoh Demers, La  Presse)

«Je suis un Gene Kelly: je chante, je danse, mais je n'en ai pas souvent l'occasion», dit Normand D'Amour.

Photo: Ivanoh Demers, La Presse



La jeune troupe de la comédie musicale Le blues d'la métropole venait d'enchaîner trois chansons de Beau Dommage (Tous les palmiers, J'ai oublié le jour, Amène pas ta gang) devant les journalistes dans un studio de Cité du Havre, hier après-midi, quand Serge Denoncourt a eu un flash: «Je suis certain que tout le monde se demande si Normand D'Amour chante bien. On fait (la chanson) Hockey

En un rien de temps, le décor de maisons de briques rouges et d'escaliers en colimaçon s'est transformé en une taverne où Yvon Gilbert (D'Amour), l'ex-joueur de hockey devenu propriétaire de taverne, dialogue avec son fils sur l'air de la chanson de Beau Dommage.

Denoncourt nous avait avertis: nous ne verrions pas des numéros finis, mais une authentique répétition dans des décors incomplets, avec des comédiens et danseurs sans costumes et sans les musiciens qui seront du spectacle au Théâtre St-Denis. Pourtant, tout à coup, dans cette taverne, l'illustration du texte d'une chanson de Beau Dommage est devenue une véritable expérience musicale théâtrale, avec en prime une chorale de comédiens capables de faire revivre les harmonies vocales indissociables de l'oeuvre du groupe montréalais.

Ces chansons du groupe montréalais constituent la trame narrative du spectacle dont le livret est signé Louisa Déry et Michelle Grondin. «On pige dans une quarantaine de chansons, parfois on prend juste le refrain ou un couplet, explique Denoncourt. À toutes les fois est un moment plus dramatique, mais des chansons comme Tous les palmiers et Ginette sont plus légères, plus rigolotes.»

Le plus grand défi du metteur en scène est de ne pas faire comme les autres: «On essaie d'aller dans la vérité et non pas dans le showbiz. C'est l'histoire chantée de monde qu'on connaît, des histoires qui se peuvent: sa femme est morte, il jouait au hockey, il a une taverne, son fils a une grosse peine d'amour; un autre gars est dans un ménage à trois, incapable de choisir entre deux filles. Les comédies musicales que vont voir les New-Yorkais, pas les touristes, c'est du théâtre chanté, mais on ne le fait pas beaucoup ici. Je ne mets pas en scène une comédie musicale, mais l'univers de Beau Dommage. De l'autre côté de ce mur de briques, il y a de la tôle ondulée, des sheds, une ruelle, la taverne de Villeray. Ce n'est pas glamour, Villeray.»

Un Gene Kelly de Rosemont

«Je suis un ti-cul de Rosemont, je suis dans mon élément», mentionne Normand D'Amour, qui avait 14 ans quand Beau Dommage a connu un succès monstre.

Plus «freak», il tripait surtout sur Queen, Led Zep et Harmonium, mais ses soeurs écoutaient Beau Dommage qu'il a apprécié plus tard. «Je peux chanter sinon je n'aurais jamais demandé à Serge de jouer dans ce show-là», dit l'acteur qui se souvient uniquement d'avoir chanté trois minutes au théâtre dans Le mariage de Figaro.

«Comme Marc Béland et plusieurs autres, je suis un Gene Kelly: je chante, je danse, mais je n'en ai pas souvent l'occasion», ajoute-t-il.

Denoncourt avait déjà contacté la blonde de D'Amour, Pascale Montreuil - qu'il a dirigée dans Pied de poule -, quand l'acteur a lu un entrefilet dans La Presse mentionnant que Le blues d'la métropole cherchait cinq autres jeunes comédiens et un plus vieux pour incarner un ancien joueur de hockey.

Comme Denoncourt est un ami de longue date et qu'il répétait justement avec lui la pièce Fragments de mensonges inutiles, chez Duceppe, D'Amour s'est proposé pour le rôle d'Yvon Gilbert: «J'ai joué au hockey, j'ai fait du barbershop quartet et je peux prendre des cours de chant pour placer ma voix. Serge m'a dit: «Si tu veux, le rôle est à toi.» Ce soir-là, en rentrant à la maison, j'ai chanté à ma blonde «avec le bluuuuuues d'la métropole».»

D'Amour a choisi le métier d'acteur pour faire du cinéma et s'est retrouvé au théâtre «par la force des choses» où il a joué dans environ 80 pièces. Arrive le film Tout est parfait, puis 5150 rue des Ormes qui en font l'un des acteurs les plus en demande, qui vient tout juste de tourner dans le prochain Claude Miller.

«Après 25 ans de carrière, je me lance des défis, je suis à l'affût de ces expériences-là, dit-il. Ce sont tous des jeunes, ils me disent «t'es cool, je t'ai vu dans ton film!» Dans l'âme, j'ai 14 ans, je suis un des plus jeunes de la gang. Mais avec l'âge et les cheveux blancs, j'ai pris de la maturité, de l'assurance. J'ai réglé mes problèmes. Qu'est-ce qui peut m'arriver d'autre que des belles affaires?»

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Le blues d'la métropole, au Théâtre St-Denis, à compter du 31 mars.



Alain de Repentigny
La Presse

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