jeudi 5 juin 2008

Couvre-feu Couvre-quoi ?

Je vous partage en ce jour, une réflexion faite dans un cadre scolaire, cet hiver. Elle portait sur la sécurité routière des jeunes conducteurs automobiles. Elle se veut une réponse-questionnement, sur l'idée qu'un couvre-feu imposé à notre jeunesse sur quatre roues serait une solution des plus pertinentes. J'ai gardé le meilleur pour vous.Voyons voir.


Comme toute personne sensée et sensible à autrui , j'imagine...
J’en ai marre que les jeunes perdent inutilement la vie sur nos routes !

J’en ai marre de constater l’inaction des gouvernements et des instances reliées à la sécurité routière dans ce dossier.
Je crois qu’une société démocratique digne de ce nom auras des compte à rendre vis-à-vis l’histoire si elle n’agit pas plus promptement à l’égard de la sécurité de sa population. N’est pas une réalité de santé publique ?

Car je constate que le problème de sécurité dans notre tissu urbain, notamment, est fortement questionnable actuellement. En voici des exemples :

  • Est-il normal qu’après des tempêtes, mêmes répétitives tant de gens se blessent sur les trottoirs ou dans la rue ?·
  • Et ces invasions dites de domicile ? N’est-il pas absurde,mais surtout inquiétant que nous ne soyons plus aussi tranquilles qu’avant "dans le confort de nos foyers "?
  • Et tous ces cas de signalements à la DPJ ? Pourquoi est-ce plus difficile d’élever des enfants de nos jours ?
  • Et ces écoles que l’on doit fermer pendant des jours simplement pour y enlever la neige des toits! Et cette incapacité collective que nous avons à protéger nos enfants de certains fléaux qui sévissent sur le net.· Etc…
  • Ne sommes-nous pas tous, jusqu’à un certain point, peu importe notre âge, aussi responsable de notre propre sécurité ?
Je repense, avec un brin d'ironie, au célèbre maire de Huntington qui a provoqué tant d’ires et de sarcasmes avec son règlement de couvre-feu. On avait même parler d’une forme de dictature, je me souviens bien. Et voilà que cela revient dans l’actualité. Est-ce le signe de quelque chose ?
Je repense aussi à cette fois où revenant d’une longue réunion en fin de soirée, vers les 22 heures, en pleine semaine, je croise dans la rue, dans ma voiture, quatre de mes élèves de treize ans qui y marchent oisivement !!!!

C’est en lisant La Presse sur mon ordinateur, un matin, que je suis tombé sur ce titre accrocheur : Un couvre-feu sauverait 60 jeunes vies chaque année. L'article était signée André Noël. En voici quelques extraits.

"Jusqu'à 60 vies pourraient être sauvées chaque année au Québec si un couvre-feu interdisait aux jeunes de moins de 19 ans de prendre le volant la nuit, affirme un coroner qui a enquêté sur la mort de cinq jeunes gens chaque fois provoquée par une dangereuse conduite nocturne. "

"(...)Une mesure semblable - le couvre-feu - est en vigueur dans la plupart des États américains et dans quelques provinces canadiennes. Le gouvernement québécois refusant de l'imposer, le coroner Jacques Ramsay recommande aux compagnies d'assurance d'offrir un rabais aux jeunes qui s'engageraient à ne pas conduire entre 22 h et 5 h. "

"En 2006, près de la moitié des accidents mortels causés par des hommes de 16 à 19 ans sont survenus la nuit. Cette année là, une soixantaine de jeunes ont perdu la vie à la suite d'un accident nocturne. C'est la nuit que les jeunes gens sont le plus susceptibles de boire, de se droguer et de conduire très vite. L'efficacité d'un couvre-feu ne fait aucun doute, affirme le coroner."

"Parmi les États américains où existe un couvre-feu pour les jeunes conducteurs, ce sont ceux où il débute le plus tôt qui ont les résultats les plus impressionnants en terme de diminution des accidents», note-t-il dans un de ses rapports d'investigation."




"Au Québec, les autorités estiment qu'il s'agit d'une mesure discriminatoire. Le Dr Ramsay n'est pas d'accord. «Personnellement, j'estime que le caractère discriminatoire n'existe que dans la mesure où l'on peut démontrer que l'imposition du couvre-feu est arbitraire, écrit-il. Or, les statistiques ne laissent pas de doute sur l'utilité d'un tel couvre-feu à enrayer une hémorragie de jeunes vies.»
"«La consommation d'alcool et de drogues chez les jeunes est principalement un sport nocturne, souligne le coroner. Par conséquent, limiter la conduite durant ces heures constituerait une mesure efficace pour contrer les effets de ces drogues sur la route.»

"Pourquoi, alors, ne pas recommander au gouvernement québécois d'amender le Code de la sécurité routière pour interdire la conduite de nuit aux mineurs? «Il ne sert à rien de recommander ce qui serait de toute manière rejeté d'un revers de main», répond le Dr Ramsay dans un courriel envoyé à La Presse."

"Ses cinq rapports d'investigation, achevés cet hiver, sont pourtant explicites. C'est le cas du rapport sur la mort de Pasquale Coscia, âgé de 17 ans. Le 6 août dernier, à 23h, le jeune homme roule à grande vitesse sur le boulevard Maurice-Duplessis, dans le nord-est de Montréal. Les lieux sont bien éclairés, la chaussée est sèche, le jeune homme n'a pris ni drogues ni alcool. Mais il se croit invincible. Il n'a pas bouclé sa ceinture.Il roule à plus de 120 km/h dans une zone de 70 km/h. Lorsqu'il arrive à l'intersection avec la 27e Avenue, le feu tourne au vert. Il double les voitures encore arrêtées en passant par la droite. Mais dans cette voie, il y a une dénivellation. Lorsqu'il revenait vers la gauche, ses roues droites se soulèvent. Il heurte une voiture devant lui. L'impact l'envoie valser contre un lampadaire. Un choc mortel. "

"Nos voisins donnent l'exemple .Trente et un États américains et provinces canadiennes imposent des contraintes aux jeunes conducteurs. En Ontario, les nouveaux conducteurs n'ont pas le droit de conduire entre minuit et 5h du matin. Pendant les six premiers mois, les conducteurs âgés de 19 ans ont le droit d'avoir un seul autre passager de 19 ans et moins. En Nouvelle-Écosse, les nouveaux conducteurs n'ont pas le droit non plus de conduire entre minuit et 5h, à moins d'être accompagnés d'un conducteur expérimenté. Le gouvernement néo-écossais se félicite que cette mesure ait entraîné une diminution de 37% des collisions chez les conducteurs âgés de 16 ans. Il existe aussi un couvre-feu au Nouveau-Brunswick. Plusieurs États américains ont des couvre-feux qui commencent bien avant minuit. "

La vie des jeunes y tenons-nous vraiment ? Nous les mettons au monde, pour qu’ils vivent, non ?. Qu’ils profitent de la vie au maximum, mais avec un minimum de sécurité. Chaque fois que les manchettes des journaux du lundi – principalement –nous relatent des tragédies routières qui les concernent, et qu’en plus lorsque plusieurs vies sont fauchées pour rien, je me dis que ce n’est guère le cas. Nous avons une responsabilité morale et sociale à cet égard.
La prenons-nous vraiment ?
Qu’est-ce qu’un couvre-feu ? Quel est le portrait général et stastiques de la sécurité et des jeunes dans le Québec d’aujourd’hui ? Comment prévenir toutes ces tragédies qui privent l’avenir d’un capital humain aussi précieux ?

On reproche à certains parents d’éduquer à coups de chantages et de « nananes »,-sans oublier cette église catholique romaine d’un autre temps qui faisait peur à ses ouailles en invoquant l’enfer à tout bout de champ et préconisait une bonne conduite en leur promettant des indulgences pour le ciel jusqu’à la fin de leur jour.
Et voilà que le seul moyen que l’on a trouvé pour régler ce grave problème, c’est de récompenser les jeunes qui agiraient correctement, en ne faisant au fond que ce qu’ils ont à faire ?

Un couvre feu n’est pas par définition une forme de répression et par le fait même efficace ?
Je pense à la vente d’alcool que l’on limite dans les dépanneurs et que l’on interrompt vers 23 heures. C’est une forme de couvre-feu, non ? Et la fermeture des bars à 3 heures du matin ? Qu’arriverait-il si ce n’était pas le cas ? Un festival d’abus ? L’anarchie ?

Mesure discriminatoire

Quand le Dr Ramsay parle d’une hémorragie de jeunes vies – et il en en partie raison – il ne faudrait pas la peine alors, de mobiliser toutes les énergies sociales et pénales pour la contrer.? Pourquoi, alors, ne pas recommander au gouvernement québécois d'amender le Code de la sécurité routière pour interdire la conduite de nuit aux mineurs?

Selon le dictionnaire, un couvre-feu est « une mesure de police interdisant de sortir le soir après une heure fixée ».
UN COUVRE-FEU OU UN ENCADREMENT BEAUCOUP PLUS STRICTE
POUR TOUS LES MINEURS
Plus systématiquement.

Pour et pourquoi ?
· Pourquoi faudrait-il fermer nos yeux sur la perte d’importance de la vie humaine, sur cette popularité – toujours grandissante - des sports extrêmes et du phénomène Jackass, sur la culture de l’humiliation et du danger ?
· Comment faire alors pour sécuriser une population après 23 heures, si nous permettons aux jeunes de faire la pluie et le beau temps ? En initiant une police de la nuit pour délinquants juvéniles ?

Contre et pourquoi ?
· Les jeunes ont besoin de sécurité et devront, tôt ou tard, se protéger autrement qu’avec des couvre-feu.
· Les parents et le personnel des écoles devraient prendre leur rôles plus au sérieux.
· Les jeunes forts en gueule ont gagné du terrain au détriment de la démocratie et c’est à ce problème qu’il faudrait s’attaquer autrement que par un couvre-feu . Pour certains plus y a d’interdits, plus la tentation est forte de les transgresser afin d’imposer leur propre identité.
· Il n’y aurait pas moyen de modifier les modèles proposés aux jeunes par la musique ( hip hop par exemple ) ou les films qui leur sont destinés ( genre fast and furious ) à la place ?
· Le sentiment de responsabilisation des jeunes n’aurait pas intérêt à être renforcer, à la place ? Comment notre société valorise-t-elle et inculque-t-elle le sens des responsabilités ? Car pour être des citoyens à part entière, il faut être responsable. f
· Organiser des activités pour ces jeunes est bien, les occuper, leur donner une place dans le village ou dans la cité seraient des solutions beaucoup plus valorisantes et durables, non ?

· En instituant un tel couvre-feu, il n’est dangereux de créer une jurisprudence qui permettrait d'autre types de couvre-feux ? Dans quelle sorte de société vivrions-nous dès lors ?

· Faut-il punir la majorité pour une poignée de délinquants qui ne respectent rien ?
· Cela pourrait créer pourrait créer des batailles juridiques sans fins aux conséquences coûteuses, qui risqueraient de faire dévier le débat.
· L'interdiction de conduire la nuit est délicate si elle rencontre des situations personnelles qui veulent par exemple que des "jeunes" travaillent la nuit et aient besoin d'avoir accès à une auto pour rentrer chez eux !!
· Ne serait-il pas préférable de tabler davantage sur la culture de la sécurité.

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