jeudi 5 juin 2008

LA PASSION DES JEUNES DANS LA PEAU

LA PASSION DES JEUNES DANS LA PEAU
ou
JE SUIS FOU DE VOUS.

On entend toutes sortes de choses sur le métier d’enseignant depuis quelque temps.
« -Ah les profs, ils se plaignent tout le temps le ventre plein !
-Ah les profs, ils ont deux mois de vacances par année et ils ne sont pas encore contents !
-Ah les profs, ils font leur travail pour l’argent !
-Ah les profs, ils devraient tenir leurs classes et laisser faire le reste. «
Toutes ces sempiternelles balivernes me cassent les oreilles. Je suis las de les entendre. Tant de mensonges et de suppositions qui minent l’existence même de cette vocation.
Parce que c’est une vocation et rien d’autre, que d’enseigner.
C’est une œuvre de service et de dévouement. Rien de moins.
Tous les jours, j’agis par amour et par passion. Tous mes gestes
en sont des corollaires. Je me dévoue à des personnes qui sont dignes d’autant d’attention.
Ces petits paquets d’énergie sont au centre de ma vie et je les aime comme on aime la vie.
Ils sont mon inspiration, mes ailes et mon enseignement.
Tant que nous les laisserons nous enseigner nous enseignerons mieux.
Tant que je les aimerai, ils me le rendront.
Tant que je croirai en eux, ils me le rendront.
Tant que je les respecterai, ils me respecteront.


Suite à la tragédie de Dawson, je leur ai confié que si un drame semblable se produisait chez-nous, je tenterais tout pour les sauver, les secourir, pour panser tous leurs plaies autant celles du corps que celles de l’âme.
Ils m’ont regardé, l’air hébété semblant me dire : Monsieur, vous êtes fou. »
« Oui, je suis fou. Je suis fou de vous.

Quand un des miens, se présente devant eux sans passion, avec académisme, comme un fonctionnaire du savoir ou avec trop de déférence et de préjugés envers eux, ils le savent immédiatement. Ce qu’ils veulent c’est quelqu’un d’allumé qui les transcende.
Certes ils sont impitoyables dans leur exigences .Mais pas démesurément. Ils veulent sentir qu’on est d’abord là pour eux avant de l’être pour notre propre gouverne.
L’ère informatique et télévisuelle que nous traversons et qui les façonne transcende aussi leurs attentes.
Si nous pouvions être une page web ou un exposé power-point ambulant avec des effets sonores et visuels ; une sorte de son et lumière pédagogique, peut-être n’aurions nous plus besoin de faire de la discipline dans nos classes.
Le malheur pour eux, bien souvent, c’est qu’il leur est impossible, en cours d’exposé ou d’activité de nous zapper.
L’instantanéité est une manne qui les nourrit quotidiennement.

Zapper l’école, s’ils le pouvaient, ils le ferait aisément.
Comme nous à leur âge. Mais pourquoi ?
Une émission intéressante, punchée et qui rejoint ses auditeurs, on ne la zappe pas. On l’écoute et on y adhère complètement.

Cette année, notre école exige un costume obligatoire pour tous les élèves. Les initiales de notre établissement sont clairement visibles à l’endos du chandail. Plusieurs me disaient détester cela, pire, cela les rend carrément furieux.
« C’est laid « me firent-ils remarquer.
« Laid, mais pourquoi « ?
Et là une montée de lait- pardon pour le pauvre jeu de mot trop facile – surgit de moi.
« Ben, là. Pourquoi donc ? «
C’est juste le nom de votre école. Qu’est-ce qu’elle vous a fait votre école pour que vous la détestiez tant que cela ?
Je comprends que vous n’aimiez pas trop l’école, mais à ce point-là, cela me dépasse. Et là, je pars. On fait tout pour que vous l’aimiez, pour vous intéresser. La réforme, c’est quoi vous pensez ? On s’investit de toutes nos forces pour vous motiver.
Et c’est cela que cela donne. On dirait que vous parlez de la peste ou du diable. Et bla bla bla et rebla bla bla.

Ils m’interrompirent pour me dire que je le prenais trop personnel et que finalement ce n’était qu’une initiale de trop sur un chandail.

En revenant à la maison, dans l’auto, je pensai.
C’est plus que cela au fond qu’ils veulent me dirent.
Voulaient-il me crier : Monsieur, l’école telle que vous la faites, elle ne nous ressemble pas. On ne s’y sent pas chez –nous parce que ce lieu se bâtit quotidiennement… sans nous !
Il se dit être là pour nous mais nous exclu trop souvent de son essence même !

Hum hum. J’ai mis plusieurs jours à encaisser le coup. Pour finalement me demander si les élèves ne souffriraient pas du même mal que nous, finalement.
Ce mal de vivre dans ces écoles froides, individualistes pensé par des théoriciens et des administrateurs est peut-être contagieux. Il est semblable.
Nous sommes malheureux parce que l’humain que nous sommes n’est pas valorisé, n’est pas suffisamment mise à contribution. Il est serré comme un citron à limonade.
Personnel comme élève, nous faisons « notre temps « de cloche en cloche avec l’espoir d’en finir de jour en jour.
Mais c’est d’un triste.
Comment voulez-vous que la profession recrute ainsi ?
Comment voulez-vous que les parents et la population en général nous respectent et nous appuie dans un tel contexte ?
Le feu sacré s’effrite de tous côtés et nous nous envoyons des balles de reproches et de responsabilités.

Ah là là…….

En fait cela commençe par de la vie, de la foi, un peu de musique et du café, un p’tit tour de char et des sourires plein les corridors.
Bonjour Monsieur. Bonjour Francis.
Jour bon et le paradis jusqu’à la fin de ta journée.

Marc-André Lavoie
Enseignant depuis 23 ans !!!!

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