jeudi 3 juillet 2008

Je suis moins fatigué depuis ces mots


Fatigué
Renaud
Album: Mistral Gagnant



Jamais une statue ne sera assez grande
Pour dépasser la cime du moindre peuplier
Et les arbres ont le cœur infiniment plus tendre
Que celui des hommes qui les ont plantés


C'est grand un peuplier ?
En connaissez-vous beaucoup, des statues qui honorent les arbres, la nature.
Dire que c'est eux, que c'est elle,
avec leur coeur tendre qui permettent à la terre de respirer.
L'arbre pousse, droit.
Sa seul vertu est de donner la vie, de verdir, de vouloir toucher le ciel.

Pour toucher la sagesse qui ne viendra jamais
Je changerai la sève du premier olivier
Contre mon sang impur d'être civilisé
Responsable anonyme de tout le sang versé


Comment peut-on se dire civilisé et en même temps, tuer ?
La planète. Les gens. La vie.
Fatigué, fatigué
Fatigué du mensonge et de la vérité
Que je croyais si belle, que je voulais aimer
Et qui est si cruelle que je m'y suis brûlé

C'est si facile et si vain de ne jamais se sentir responsable de rien.

Fatigué, fatigué
Fatigué d'habiter sur la planète Terre
Sur ce brin de poussière, sur ce caillou minable
Sur cette fausse étoile perdue dans l'univers
Berceau de la bêtise et royaume du mal
Où la plus évoluée parmi les créatures
A inventé la haine, le racisme et la guerre
Et le pouvoir maudit qui corrompt les plus purs
Et amène le sage à cracher sur son frère


Un être évolué construit plus qu'il ne détruit. Non ?

Fatigué, fatigué
Fatigué de parler, fatigué de me taire
Quand on blesse un enfant, quand on viole sa mère
Quand la moitié du monde en assassine un tiers
Fatigué, fatigué

Quand on parle, on se fait taire.
Et quand on se tait, on se le fait reprocher.

Fatigué de ces hommes qui ont tué les indiens
Massacré les baleines, et bâillonné la vie
Exterminé les loups, mis des colliers aux chiens
Qui ont même réussi à pourrir la pluie


J'ai souvent si honte d'être humain.

La liste est bien trop longue de tout ce qui m'écœure
Depuis l'horreur banale du moindre fait divers
Il n'y a plus assez de place dans mon cœur
Pour loger la révolte, le dégoût, la colère


L'horreur banalisée est bien pire.


Fatigué, fatigué
Fatigué d'espérer et fatigué de croire
A ces idées brandies comme des étendards
Et pour lesquelles tant d'hommes ont connu l'abattoir
Fatigué, fatigué

Brassens disait : "mourir pour ses idées, mais de mort lente."

Je voudrais être un arbre, boire à l'eau des orages
Pour nourrir la terre, être ami des oiseaux
Et puis avoir la tête si haut dans les nuages
Pour qu'aucun homme ne puisse y planter un drapeau

Aimer les arbres, parce qu'ils nourissent la terre. Je vois.


Je voudrais être un arbre et plonger mes racines
Au cœur de cette terre que j'aime tellement
Et que ces putains d'hommes chaque jour assassinent
Je voudrais le silence enfin et puis le vent

Aimer les arbres, parcequ,ils aiment la terre. Je vois. J'entends.

Fatigué, fatigué
Fatigué de haïr et fatigué d'aimer
Surtout ne plus rien dire, ne plus jamais crier
Fatigué des discours, des paroles sacrées

N'est-ce pas aussi fatiguant d'haïr que d'aimer. Ou d'haïr aimer. Ou aimer d'haïr. Ou.. Ok, j'arrête.

Fatigué, fatigué
Fatigué de sourire, fatigué de pleurer
Fatigué de chercher quelques traces d'amour
Dans l'océan de boue où sombre la pensée
Fatigué, fatigué

Des traces d'amour, j'en ai trouvé tout plein dans ces mots.
Et ironiquement, je me sens.. moins fatigué.

2 commentaires:

Doréus a dit…

Des peupliers, il y en a partout partout ici. On les appelle parfois «trembles» au Québec à cause du bruissement de leurs feuilles au vent. Ce sont effectivement des arbres plutôt majestueux, particulièrement le longiligne peuplier de Lombardie. Il y en avait toute une rangée le long de la rivière L'Assomption, derrière mon école secondaire... avant que la maladie hollandaise des ormes ne les attaque et que l'on commence à les remplacer par de moins poétiques érables argentés.

Mais Renaud a oublié qu'il y a quelques statues plus hautes que des peupliers... notamment celle réalisée par ses compatriotes Gustave Eiffel et Frédéric-Auguste Bartholdi, «la Liberté éclairant le monde» (ou plutôt le port de New York).

Mais ceci n'est qu'un détail... qui n'affecte pas le sens de ses mots! Les arbres sont effectivement les statues que nous offre la nature; ils vibrent d'une vie qu'aucun monument de main humaine ne peut égaler.

atalante a dit…

Je me doutais, che D., que tu réagirais à la question du peuplier. Dans mon enfance, c'est vrai, le mot peuplier n'existait pas. Mais tremble, oui. Pensons à Pointe-aux-trembles et à mon Richard S.
Je vois, toutefois, que tu as aimé cette chanson. J'ai sûrement dû ou du, te la faire entendre, à un moment donné.
il est rassurant qu'un frère !!, comme toi ait compris ce qu'il y avait à comprendre. Pas que je doutais. Enfin. Tous tes messages me font printemps.