mercredi 15 octobre 2008

Rue Deschambault

ggJ'ai lu ce livre, la première fois, à l'âge de 13 ans, dans le cadre d'une lecture obligatoire à l'école.

Je n'avais jamais entendu parler de son auteur, ni de la rue Deschambault, et encore moins de St-Boniface au Manitoba ! Le dépaysement fût total. Et le bonheur aussi.


En relisant régulièrement l'oeuvre, je rêvais intérieurement d'un "pélerinage" prochain au pays de rue deschambault. Rêvant incidemment de parcourir cette artère et ses alentours, avec le bouquin à la main...

Ce que je fis..près de 30 ans plus tard.



"La maison " fut le premier endroit, après mon auberge, où je me retrouvai. Je m'installai sur une chaise portable, de l'autre côté de la rue et je la regardai..intenssément..le coeur dans les yeux...D'abord impressionné et incrédule d'être là pour vrai. Je pensai immédiatement à Gabrielle, à son amour pour le lieu. À tous ses récits sur le lieu, à toute l'importance de ce lieu sur ses écrits, sur son oeuvre et sur sa vie.

Je la voyais elle, et Mélina, et Léon, et ces frères et soeurs, qui sont les miens, d'une façon, puisque si familiers, si présents dans ma mémoire de lecteur et d'être humain.



Je passai douze jours dans la ville natale de Gabrielle Roy. Et tous mes matins, et tous mes soirs, furent scandées apr une salutation. Je me rendais jusqu'à la maison de la rue Deschambault pour la saluer. Fièrement. émotivement. Portant tout le patrimoine de ma mation et de ma littérature en moi comme une prière.



Gabrielle Roy est née ( et fût conçue, probablement ) dans cette maison en 1909 et elle y vécut jusqu'en 1937. Léon Roy, le père, qui était agent d'immigration, a fait construire cette maison en 1905, en s’inspirant largement, ou, selon son épouse Mélina Landry- c'est ce que l'auteure raconte dans l'oeuvre précédement nommée - , en copiant l’architecture de la maison voisine de Charles Bernier.

Cette demeure est de deux étages et de douze pièces située au 375 de la rue Deschambault à Saint-Boniface. Fortement est inspirée de l'architecture québécoise du XIXe siècle. Ses colonnades blanches en façades, ses nombreuses fenêtres et la large galerie du côté ouest lui donnent fière allure. Léon Roy, le père de Gabrielle, avait planté tout autour de la maison plusieurs essences d’arbres : ormes, frênes, chênes et érables, pommiers, cerisiers, pruniers, ainsi qu’un groseillier et des rosiers.


Au premier étage, où l’on a replacé un mobilier d’époque, se trouvent le salon, la salle à manger, le bureau de Léon Roy et les cuisines d'hiver et d’été.

Entrez dans la maison avec moi :


la cuisine de Mélina


Gabrielle Roy est aujourd’hui l'âme de la maison qu’elle a habitée puisqu’on l'a transformée en centre d’interprétation de son œuvre et de sa vie. Avant de devenir un objet de fierté pour la communauté, cette maison a été longtemps une source de bonheur, puis de soucis, pour la famille Roy. Dans La détresse et l'enchantement, Gabrielle Roy explique : « Mon père avait mis presque la moitié de sa vie à économiser sou après sou, de quoi la bâtir, puis le reste de ses jours à essayer de ne pas la perdre. Parfois, j'en voulais terriblement à cette maison comme à un être cher qu'on aime et qui peut tout obtenir de nous»



En 1915, la maison a dû être hypothéquée car M. Roy a perdu son poste d'agent d'immigration au gouvernement pour des raisons politiques, à peine deux ans avant sa retraite, ce qui l’a privé de sa pension du gouvernement. Après sa mort, Mélina Landry a bien essayé de garder la maison familiale en réalisant des travaux de couture et en louant des chambres. Malheureusement, elle a dû se résigner à la vendre, devenant simple locataire dans sa propre maison.



Il faudra beaucoup de persévérance de la part d’Annette Saint-Pierre pour sauvegarder la maison des Roy, la restaurer et en faire un lieu patrimonial consacré à Gabrielle Roy. Annette Saint-Pierre a fait une maîtrise sur Gabrielle Roy, elle a enseigné son œuvre littéraire au secondaire, puis au Collège universitaire de Saint-Boniface.



La première reconnaissance de la valeur patrimoniale de cette maison est survenue le 27 mai 1989, lorsqu’une plaque commémorative a été placée devant la maison de Gabrielle Roy par la Société historique de Saint-Boniface. Le 15 février 1998, la Corporation de la Maison Gabrielle-Roy devient enfin le sixième propriétaire de la maison. Grâce aux plans de la maison voisine de Charles Bernier, demeurée intacte, on a pu restaurer la maison natale de Gabrielle Roy telle qu’elle était lorsque Gabrielle y a vécu ses jeunes années.


Les fondations ont dû être refaites, comme Annette Saint-Pierre le souligne dans son ouvrage Au pays de Gabrielle Roy, où la fiction rencontre la réalité : « La maison a été surélevée sur des poutres pendant les travaux. Partout dans la maison, à l'exception du bureau, les planchers sont d'origine, en pin de la Colombie-Britannique . Le plan de la maison a dû être revu de fond en comble... toutes les touches architecturales de la maison ont été restaurées pour refléter la maison telle qu'elle était en 1905. »
Sources des images :

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