jeudi 6 novembre 2008

Mais c’est quoi, l’altermondialisation?




L'altermondialisation.
Ce mot revient très souvent dans les médias et dans tous les milieux qui se préoccupent de l’avenir de notre monde. Mais c’est quoi, l’altermondialisation?

Le mot met en commun deux mots tirés de deux langues. Alter est un mot latin, qui signifie «autre» et «autrement». Mondialisation est un mot bien français, qui veut tout simplement dire «le fait qu’une chose se passe au niveau du monde entier». Donc, altermondialisation signifie: une autre mondialisation, la mondialisation autrement.

Mais à propos de quoi ? De tout! Parce que, maintenant, tous les échanges se déroulent au niveau mondial. L’économie s’est mondialisée. Et, avec elle, tout ce qu’elle entraîne: les services publics, les droits des travailleurs, le revenu minimum, la santé, l’enseignement, la communication et l’information. Bref, tout ce qui fait notre vie de tous les jours.


Les altermondialistes veulent une mondialisation qui respecte les droits de chacun Il pourrait donc y avoir une mondialisation qui soit très sociale, qui respecte les droits de tous et qui travaille activement pour que les pays sous-développés puissent enfin devenir comme les nôtres. Cette mondialisation-là n’existe pas. Elle est à construire. La mondialisation qui existe, c’est celle qui donne tout le pouvoir à l’argent - qui n’a plus aucune frontière - et à ceux qui le détiennent.

C’est au nom même de cette mondialisation qu’on ferme une usine pour la transporter ailleurs. Par exemple, dans les pays de l’Europe de l’Est. Là, la main d’œuvre coûte beaucoup moins cher, les syndicats ne sont pas forts et le système social est fort en retard par rapport au nôtre. Ou encore dans des pays d’Asie. Là, les travailleurs n’ont aucun droit, les syndicats sont interdits, il n’y a aucune sécurité sociale et souvent, des enfants sont contraints au travail.

C’est aussi au nom de la mondialisation qu’un petit planteur de cacao ou de café n’arrive pas à vivre correctement de son travail. Dans son pays, les prix de ces matières sont très bas, alors que les produits finis -le chocolat ou le café- sont très chers ici. Mondialisation encore: ces agriculteurs des pays sous-développés qui ne plantent même plus de blé car nos pays développés vendent chez eux leur blé en trop beaucoup moins cher. Donc, ces pays sous-développés doivent acheter à des pays étrangers et s’endettent.

C’est aussi à cause de cette mondialisation que, chez nous, les petits agriculteurs disparaissent pour laisser la place aux grandes exploitations qui choisissent leurs cultures selon ce qu’elles peuvent rapporter. Cette mondialisation veut aussi privatiser les services publics, l’enseignement, la santé, etc, et diminuer les droits des travailleurs en laissant aux patrons beaucoup plus de pouvoir.

On dit souvent que la mondialisation date du milieu des années 90. Ce n’est pas exact. Elle existe depuis toujours. Depuis l’Antiquité, certains tenaient le commerce mondial. Pendant la période de colonisation, aux 19e et 20e siècle, les Etats colonisateurs (dont la Belgique) exploitaient à leur profit les richesses de leurs colonies. Mais, effectivement, la mondialisation s’est brutalement accentuée au début des années 90, avec les moyens de transport et de communication et le libre déplacement de l’argent. Elle permet de gérer une entreprise au niveau mondial.




C’est en 1997, exactement, qu’est né le mouvement altermondialiste. Les mouvements progressistes avaient alors manifesté contre l’Accord multilatéral sur l’investissement (AMI). Mais on ne disait pas encore à l’époque «altermondialisation». On disait «antimondialisation».

L’antimondialisation est devenue altermondialisation en 1999, lorsque des manifestants du monde entier se sont retrouvés à Seattle (USA), pendant la réunion de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Ce changement de nom est très important. Car passer de « contre » (anti) à « autre » (alter) veut dire qu’on accepte la mondialisation mais qu’on veut qu’elle soit différente, qu’elle se passe autrement. Les altermondialistes ont compris que la mondialisation est inévitable.

AUTEUR : Marc Vandermeir

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