vendredi 12 décembre 2008

Le reel de la corde à linge





Draps parfumés

J'étends le linge à sécher dehors pour l'odeur.
Nul sommeil ne se compare au sommeil dans des draps parfumés de grand air.
Si j'étais très très riche, j'enverrais mes draps sécher à tous les vents de la terre, afin de m'endormir chaque soir dans des odeurs différentes et exotiques.


( Nicole Oulette )


Dans les traditions populaires du Québec, malheureusement, l'image de la corde à linge s'associe souvent à la pauvreté. De nos jours, des lois interdisent son usage en certains lieux. Des règlements bon chic bon genre restreignent les libertés des propriétaires de copropriétés. Les quartiers huppés de certaines municipalités privent leurs résidents des plaisirs d'une corde à linge.

L'ABC des cordes à linge du Québec comprend une corde sans fin, tendue, introduite dans les gorges de deux poulies. Dans la cour arrière, on ancre une première poulie à la maison, on en fixe une autre généralement à un poteau érigé à cet effet. L'espace disponible et l'exposition aux vents déterminent la longueur de la corde, rarement plus de 20 mètres, à cause des risques d'entortillage.


Les poulies permettent de glisser la corde d'un point à l'autre
d'étendre le lingesur de bonnes distances sans se déplacer.


On n'étend pas le linge n'importe comment. Le linge étendu serré dénote une personnalité introvertie. Le linge distancé démontre une ouverture d'esprit.
Le linge pêle-mêle dénote le désordre de sa vie personnelle.

Sous nos latitudes nordiques, la saison pour étendre dehors commence à la Chandeleur. Elle s'arrête en novembre.
L'humidité et le manque de lumière de novembre empêchent le linge de sécher. Les jours rallongent de manière significative à partir du 2 février.
Les « ils l'ont dit » prétendent que les chemises blanches gelées aux froids d'hiver deviennent plus blanches.





«Je n’irais pas rester quelque part où il n’y a pas de corde à linge», tranche la mère de quatre enfants, qui fait de trois à quatre brassées par jour. «C’est primordial l’été. J’aime l’odeur des vêtements qui sèchent à l’extérieur... et c’est gratuit.


«La corde à linge a retrouvé l’état de grâce qu’elle avait, avant l’apparition de la sécheuse, souligne-t-il. C’est plus long étendre son linge à l’extérieur, mais c’est un des gestes verts qu’on peut poser. Cela fait aussi partie d’un certain art de vivre. Le temps est en suspens, entre deux tâches.»

Texte de Nicole Ouellette

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