samedi 11 avril 2009

“La mère de toutes les saintes veillées”


Denis Gagnon, o.p.
Article paru dans "Vivre et célébrer" 189 (2007), p.48-50

“La mère de toutes les saintes veillées”
La nuit, « l’immense nuit des origines » [1] précéda la première étincelle de lumière jaillissant de la parole de Dieu.

Quand la Veillée pascale se glissa dans l’année liturgique, elle comprenait un temps de jeûne suivi d’une nuit de prière. Elle se terminait par la célébration de l’eucharistie. ( ... ) La Veillée pascale célébrait un passage de la mort à la résurrection. Le jeûne en faisait partie non pas comme une préparation mais comme la première étape de ce passage : l’évocation de l’arrestation, de la condamnation et de la mort de Jésus, ces jours « où l’époux est enlevé ». [4]

Ce n’est que plus tard qu’on sépara les deux moments de la Pâque du Seigneur en déplaçant la proclamation de la mort au vendredi précédent.

Un lien étroit unit Pâques et le baptême. Aussi n’est-on pas surpris de voir apparaître la célébration du baptême au cours de la Veillée pascale :
Le baptême a déployé la Veillée pascale et l’a habillée d’une grande solennité. (...) En 314, on introduisit une longue bénédiction de l’eau. Après avoir été dépouillés de leurs vêtements, les catéchumènes étaient immergés trois fois dans l’eau en proclamant la triple profession de foi.

La Veillée pascale s’est enrichie également d’une ouverture particulièrement déployée dans une fête de la lumière. C’était la coutume d’accompagner d’un rite de lumière l’allumage quotidien des lampes à la tombée du jour. Le rite devenait solennel lors des repas de fête. Pour louer le Christ, lumière du monde, les chrétiens chantaient au IVe siècle : « Joyeuse Lumière de la gloire éternelle du Père », pendant qu’ils allumaient les lampes.

Il n’en fallait pas davantage pour qu’on commence la Veillée pascale par une liturgie de la lumière. L’Exultet prit place au coeur de ce rite afin de rendre grâce à Dieu pour la lumière et pour annoncer la joyeuse nouvelle de la résurrection.
Comme toutes les lumières étaient éteintes le soir du jeudi saint, une flamme neuve devait s’allumer pour qu’on puisse célébrer dans la nuit du samedi. La plus ancienne bénédiction du feu nouveau que nous connaissons se trouve dans le Pontifical romain du XIIe siècle. Du XIIIe siècle jusqu’à la réforme de Pie XII en 1951, on utilisait un cierge à trois branches pour allumer le cierge pascal. La coutume a sans doute été empruntée à la liturgie de Jérusalem.

Aucun commentaire: