dimanche 20 septembre 2009

La détresse et l'enchantement selon Marie-Thérèse


La comédienne Marie-Thérèse Fortin adore Gabrielle Roy. Assez pour avoir voulu, il y a une vingtaine d'années, créer un spectacle autour de son chef-d'oeuvre, La détresse et l'enchantement. C'est le Festival international de la littérature (FIL) qui lui donne l'occasion, en ce 100e anniversaire de naissance de l'écrivain, de faire revivre non seulement les mots de Gabrielle Roy, mais aussi un vieux rêve.
En effet, il fallait beaucoup aimer l'oeuvre de Gabrielle Roy pour demander une bourse et adapter, pour la scène, et toute seule, La détresse et l'enchantement. Ramener 500 pages de mémoires à une trentaine, sans dénaturer le propos et le style. Ce que Marie-Thérèse Fortin a fait, au début des années 90, quand elle a présenté son premier «montage» au Carrefour international de théâtre. «Après ça, je suis entrée à la direction du théâtre du Trident, j'ai eu des enfants et le projet est resté dans mes malles.»

Sauf que quelques proches avaient entendu parler de ce travail, et c'est tout naturellement qu'on lui a demandé de participer au 15e Festival international de la littérature, qui souligne le 100e anniversaire de Gabrielle Roy. «Je ne pouvais pas dire non et je voulais bien sûr replonger là-dedans, mais pas toute seule!»
Marie-Thérèse Fortin a donc demandé l'aide de son ami et collègue, Olivier Kemeid, avec qui elle avait déjà travaillé sur Cocteau. Ensemble, ils ont monté cette lecture qui ne sera présentée qu'un soir (lundi), à la Cinquième salle de la Place des Arts. Pourquoi autant de travail pour un soir seulement? «Parce qu'on est fous, on ne vous l'avait pas dit?» lance la comédienne. Mais il n'est pas dit que, selon la réponse du public, cette lecture vive plus longtemps que prévu...
Le texte en vedette
Discussion à trois sur Gabrielle Roy. Kemeid, comme Fortin, l'ont découverte dans ces lectures scolaires obligatoires qui créent souvent l'inverse du coup de foudre. Mais disons qu'une petite graine est plantée. Des années plus tard, c'est l'éblouissement en lisant La détresse et l'enchantement pour Marie-Thérèse Fortin; Kemeid, lui, accroche à Bonheur d'occasion. «Ce n'est pas une lecture de jeunesse, croit-il. Il faut de la maturité pour entrer dans cette écriture.» «Quand j'ai relu mon premier découpage, je me rends compte que ce ne sont plus les mêmes choses qui me touchent aujourd'hui», constate Marie-Thérèse Fortin.
Ensemble, ils proposent LEUR Gabrielle Roy, comme ils le disent affectueusement. «La vedette, dans ce spectacle, c'est la littérature, c'est ce livre, La détresse et l'enchantement, un titre magnifique où l'on revient tout le temps», explique Olivier Kemeid, en soulignant que le choix des extraits a été fait par intuition - du texte, de la scène, intimement liés. «D'ailleurs, Gabrielle Roy voulait au départ être comédienne, et ça se sent dans son écriture», note Marie-Thérèse Fortin. «Beaucoup de moments sont des scènes de théâtre ou de cinéma», renchérit Kemeid.
Le but de ce spectacle, pas si évident que cela, est de ne pas décevoir ceux qui ont lu La détresse et l'enchantement, tout en donnant l'impression à ceux qui ne l'ont pas lu qu'ils en comprendront l'essentiel. Les deux artistes sont fascinés par l'affection profonde et durable qu'ont les lecteurs pour ce livre, ces mémoires de l'écrivain publiés à titre posthume. «Beaucoup de gens m'ont dit: c'est l'histoire de ma grand-mère, de ma mère, c'est mon histoire», raconte Kemeid. «Moi, ce qui me bouleverse, c'est comment elle a dépassé sa condition, confie Marie-Thérèse Fortin. Comment elle est allée au bout de son désir, avec les sacrifices que cela demandait. Ce n'est pas juste une oeuvre d'écriture, il y a une voix très intime et franche là-dedans. Ça touche à l'identité.»
Il y a certainement quelque chose de très intime qui a poussé la comédienne à incarner les mots de Gabrielle Roy sur scène. D'ailleurs, on lui dit souvent qu'elle a une ressemblance physique avec l'écrivain...
La détresse et l'enchantement, lecture de Marie-Thérèse Fortin, mise en scène d'Olivier Kemeid. Lundi, 19h30, à la Cinquième salle de la Place des Arts.

GABRIELLE ROY AU FIL
Pour le centenaire de naissance de Gabrielle Roy (1909-1983), plusieurs activités sont consacrées à l'écrivain pendant le Festival international de la littérature. D'abord, ces Midis littéraires où de grandes comédiennes liront des extraits des romans de l'écrivain: Rue Deschambault par Monique Spaziani, Ces enfants de ma vie par Françoise Faucher, Cet été qui chantait par Sylvie Drapeau, Le temps qui m'a manqué par Sophie Faucher et Bonheur d'occasion par Mireille Deyglun, celle-là même qui a incarné Florentine dans l'adaptation cinéma. (De lundi à vendredi, entre 12h10 et 12h50 aux Jeunesses musicales du Canad.a) Aussi, en marge du FIL, à la maison de la culture Marie-Uguay, une exposition sur La petite poule d'eau, une rencontre avec son biographe François Ricard (le 26 septembre) et une projection inédite du film Bonheur d'occasion en présence du réalisateur Claude Fournier et de la comédienne Mireille Deyglun (dimanche le 27 septembre, à 14h).
Chantal Guy
La Presse

1 commentaire:

France a dit…

onjour Marc-André,



Ce fut un très grand plaisir pour moi de lire ton texte, si bien documenté.



J’aime bien Marie-Thérèse Fortin.





En secondaire 5, j’ai plongé avec beaucoup de passion dans l’écriture de Gabrielle Roy…



Bonheur d’occasion…





Mon travail de fin d’année a d’ailleurs porté sur l’analyse du personnage de Rose-Anna,



qui me faisait beaucoup penser à ma grand-maman…mon travail en fut donc facilité!



Le professeur m’avait écrit sur la page couverture :



« Ton travail se présenterait bien ailleurs qu’au secondaire… » *



Il est rangé quelque part dans mes malles…



Peut-être un jour le ferais-je revivre…





France



* Ces quelques lignes de mon professeur m’ont donné beaucoup d’assurance pour les années à venir, côté littérature…
* Comme quoi, la plume d’un professeur a un pouvoir parfois insoupçonné…



J’ai revu ce professeur… qui est maintenant prêtre dans la paroisse…de mes parents.

Il était heureux que ma parole francophone ait maintenant une portée jusque dans l’Ouest canadien.



Merci à ce professeur qui a su m’inculquer encore beaucoup plus que du français, mais une porte ouverte sur le monde…

Ce professeur avait une telle autorité morale dans la classe qu’il n’avait qu’à lever un sourcil, et toute la classe se taisait…

(un fait unique dans l’histoire de la profession, sans doute!)



Il ne se fâchait jamais…sauf une fois en 5 ans, et…ce fut mémorable…on n’a jamais oublié la leçon…

C’était à propos d’une élève très très en retard pour la pratique de théâtre…Toute la troupe avait poireauté en l’attendant, pendant qu’elle batifolait dans l’école, insouciante…