mercredi 27 janvier 2010

Plus jamais, jamais...


Jonathan Fowler
Agence France-Presse
Cracovie

Des survivants du camp nazi d'Auschwitz-Birkenau, libéré il y a 65 ans, se recueillent mercredi au côté d'anciens soldats de l'Armée rouge et de personnalités comme le premier ministre israélien, en souvenir des victimes de ce lieu d'extermination.

Des survivants du camp nazi d'Auschwitz-Birkenau, libéré il y a 65 ans, se recueillent mercredi au côté d'anciens soldats de l'Armée rouge et de personnalités comme le premier ministre israélien, en souvenir des victimes de ce lieu d'extermination.

Pour la plupart d'entre eux, c'est la dernière occasion de se réunir sur le lieu de leur martyre en hommage à leurs codétenus: 1,1 million d'hommes, de femmes et d'enfants gazés, fusillés, morts de faim, de froid et d'épuisement, dont un million de Juifs de toute l'Europe.

Auschwitz, installé en 1940 en Pologne occupée et libéré le 27 janvier 1945 par l'armée soviétique, reste le symbole du génocide perpétré par l'Allemagne nazie. En 2005, l'ONU a déclaré ce jour Journée internationale du souvenir des victimes de l'Holocauste.

«Nous avons le devoir sacré de nous souvenir de la cruauté» d'Auschwitz, a déclaré le président américain Barack Obama dans un message vidéo diffusé lors d'une conférence organisée par le Congrès juif européen à Cracovie (sud) avant les cérémonies prévues dans le camp, distant d'une cinquantaine de kilomètres.

M. Obama a appelé à «résister contre l'antisémitisme et l'ignorance sous toutes ces formes et refuser de devenir des témoins du mal».

«Cette mémoire est un devoir d'humanité. C'est une exigence, une mission sacrée de restituer leur dignité humaine et leurs traits singuliers à ces enfants, ces femmes, ces hommes, qui affrontèrent ici l'indicible, l'inconcevable», a déclaré le président français Nicolas Sarkozy dans un message lu aux 700 participants.

À la Cité du Vatican, le pape Benoît XVI a rappelé «l'horreur des crimes d'une cruauté inouïe, commis dans les camps d'extermination créés par l'Allemagne nazie».

Le ministre russe de l'Éducation Andreï Foursenko a appelé «à la reconnaissance de tous» envers les anciens combattants soviétiques «qui ont libéré ce camp», en inaugurant une exposition temporaire dans le pavillon russe d'Auschwitz.

Une centaine à peine d'anciens prisonniers de plusieurs pays se sont déplacés. Il y a cinq ans, ils étaient plus de deux mille.

Le chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahu doit encore prononcer un discours lors des cérémonies, de même que son homologue polonais Donald Tusk et le président Lech Kaczynski. Le président russe Dmitri Medvedev a décliné l'invitation, invoquant «d'autres obligations», selon la présidence polonaise.

Deux anciens détenus parleront: l'historien juif polonais Marian Turski et le Polonais non-juif Wladyslaw Bartoszewski, ex-ministre des Affaires étrangères.

Le grand rabbin de Tel Aviv, Israël Meir Lau né en Pologne et orphelin survivant des camps nazis, récitera le kaddish, la prière juive pour les morts.

La veille à Varsovie, M. Netanyahu a rendu hommage aux victimes et à ceux qui ont risqué leur vie pour sauver des Juifs. «Nous rencontrons à la fois le mal le plus absolu et le plus grand courage de toute l'histoire de l'humanité», a-t-il déclaré.

Le camp fut ouvert en juin 1940 près de la ville d'Oswiecim, renommée Auschwitz par les Allemands, pour y enfermer des prisonniers politiques polonais, dix mois après l'invasion de la Pologne.

Il a ensuite été étendu au site de Birkenau distant de 3 km et consacré à partir de 1942 essentiellement à l'extermination des Juifs d'Europe.

En plus des victimes juives, entre 70 000 et 75 000 Polonais non juifs y sont morts, ainsi que 21 000 Roms, 15 000 prisonniers de guerre soviétiques et 10 000 à 15 000 autres prisonniers, dont des résistants, selon les données du musée d'Auschwitz-Birkenau.

Le 27 janvier 1945, des troupes de l'Armée rouge découvrent le camp en progressant vers l'Ouest. Il n'y reste que 7.000 survivants. Les forces allemandes, face à l'avancée soviétique, avaient dès le 17 janvier poussé les prisonniers dans une marche forcée vers l'Ouest qui sera appelée Marche de la mort.

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