dimanche 7 mars 2010

Dernière fugue de la dignité



(Trois-Rivières) Dans un cheminement qui est un peu en parallèle du grand succès, Léa Pool poursuit une démarche significative dans le cinéma québécois. La dernière fugue, (..) constituera une solide brique dans l'édifice de sa carrière. (...)

En traitant de la question du suicide assisté, un débat très présent dans notre société, elle s'inscrit dans un questionnement social mais n'arrive pas à masquer sa préoccupation pour l'intime. (...)

«En fait, si le film peut contribuer à ce que les gens en discutent davantage, ce serait très satisfaisant pour moi. L'important, je pense, c'est qu'on puisse en arriver à formuler clairement ses volontés. Moi, je ne prends pas position en faveur ou non de la mort assistée. Chacun a sa propre vision et il n'y a pas de bonne ou de mauvaise option. Seulement, il faut s'en parler et ce, même si c'est un sujet délicat.»

Sans compter que cette question nous amène à remettre en question la place qu'on laisse aux personnes âgées dans nos vies.

«On a l'impression, dit Léa Pool, qu'à partir d'un certain âge, on ne se préoccupe plus de ce que les gens pensent. Ils sont comme sur une voie d'évitement. Il est minimal d'entendre ce que les gens âgés, à plus forte raison nos parents, ont à dire et comment ils voient les choses.»

(...)

C'est probablement la première fois que la cinéaste s'attache à une réconciliation entre un homme et son père, et c'est sans doute parce que le thème a été dicté par le roman de Gil Courtemanche, Une belle mort, dont le film est une adaptation.

«C'est vrai que j'ai toujours traité des relations mère/fille mais les conflits que peuvent avoir un père et son fils ne sont pas moins intéressants. Dans beaucoup de familles, on retrouve cet oscillement entre l'amour du père et son poids écrasant sur son fils. Ce sont des aspects différents de ceux que j'ai traités dans le passé mais qui me sont familiers pour les avoir vus entre mon frère et mon père. Dans le film, André, le fils, a eu beaucoup de conflits avec son père mais il arrive à un point où il arrive à regarder son père comme un autre homme et non plus comme un père et c'est justement à ce moment-là qu'il arrive à retrouver son papa.»

(...)


Du roman au titre plus explicite Une belle mort, de Gil Courtemanche, la réalisatrice a conservé l'essentiel, non sans apporter quelques changements en cours de route. (...) Le père atteint du Parkinson (Jacques Godin), est moins violent que dans le livre. «[Dans le roman], il battait sa femme, il y avait beaucoup de scènes de violence», explique la cinéaste, rencontrée à Québec cette semaine. «Dans le film, il reste quand même odieux, surtout au début, mais plus on l'apprivoise, plus il devient touchant.»

(...)

Dans cette famille où les rivalités éclatent sur le sort à réserver à l'aïeul, c'est le petit-fils adolescent, Sam (Aliocha Schneider), qui fera davantage ouvrir les yeux aux plus lucides. «Il n'a pas la même relation avec son grand-père. Il n'a pas de contentieux avec lui, pas de rancoeur. Il voit seulement sa souffrance et son

humiliation.»

Post-scriptum :

Deux semaines avant le début du tournage, au Luxembourg, Léa Pool a dû composer avec un écueil de taille : le désistement pour cause de maladie de l'acteur Michael Lonsdale. La réalisatrice avoue avoir alors senti «le tapis lui glisser sous les pieds».

Le choix en catastrophe d'un frappeur de relève, à peu près du même âge, libre pour cinq semaines consécutives, s'est finalement arrêté sur Jacques Godin, qui venait de terminer le tournage de La donation.

«C'est un travail immense de switcher d'un acteur à un autre, avoue la cinéaste. Automatique, Andrée Lachapelle n'est plus la même mère [...] Michael Lonsdale est une espèce de monstre qui s'approche davantage du personnage du roman, mais maintenant, je ne peux imaginer le film sans Jacques Godin.»

D'un autre côté, ajoute-t-elle, le choix d'un acteur québécois pour incarner le chef d'une famille québécoise tombait davantage sous le sens, avoue Léa Pool. Par le passé, en vertu des règles de la coproduction, elle avait dû composer avec un père yougoslave dans Emporte-moi, et un père français dans Maman est chez le coiffeur...

Sources :

http://www.cyberpresse.ca/le-nouvelliste/week-end/201002/26/01-4255554-lea-pool-presente-la-derniere-fugue.php

http://www.cyberpresse.ca/le-nouvelliste/week-end/201002/26/01-4255554-lea-pool-presente-la-derniere-fugue.php

http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/arts-et-spectacles/cinema/201002/26/01-4255694-la-derniere-fugue-le-dernier-tabou.php


Je suis un inconditionnel fidèle du travail de cette cinéaste. Et j'ai très hâte de voir la dernière fugue.

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