vendredi 5 mars 2010

L'Halfway, le Jean-Dequen de Denise,d'Andrée et de Big Mama Thornton aussi.



Une bâtisse meurt tragiquement. Elle n'est plus. Elle n'est plus que débris de cendre, mais de tendres souvenirs aussi.
Quand elle disparaît, une part de soi qui s'abritait dedans, la suit immédiatement dans sa mort.
Mais sans la mémoire. Qui demeure. Et nous console.
Chaque fois que je vois les décombres funestes d'un demeure en allée pour toujours, je me sens un peu disparaître moi aussi..
Une peine m'envahit. Une peine pour elle. Pour ceux et celles qui l'ont habités. Qui les ont aimé tous ces murs, ces plafonds, ces pièces de vie..où la vie s'est écoulée.
La peine pour leur peine, avec leur peine.
Cette peine-perte, humaine et nostalgisante me mine dans mon empathie.
Vivre par procuration, à travers l'autre et avec, cela doit ressembler à cela, au fond.

Quand un confrère de la blogosphère, Jack, m'a appris le fait de l'incendie de l'Hôtel Jean-Dequen, j'ai pensé à tout. À mbigmamaTh.jpga famille qui l'avaient sans doute fréquenté.
Et au patrimoine du Saguenay. Et j'ai eu mal d'en moi. D'en mes racines profondes.

Une autre collégiale, Denise,relatait avoir ses propres tendres souvenirs à l'endroit ce lieu. Écoutons-là: " Vers 1979-80, je m'y suis rendue - au pour réaliser une interview avec Big Mama Thornton (de son vrai nom Willie Mae Thornton), une chanteuse de blues américaine qui avait connu ses heures de gloire, mais qui était alors sur son déclin, notamment à cause de son goût immodéré pour l'alcool. Elle avait d'ailleurs sifflé quelques verres de whisky pendant l'interview, qui s'était déroulée dans sa chambre. Elle semblait avoir beaucoup plus que ses cinquante et quelques années, et parlait d'une voix grave et rugueuse. Elle ne parlait que l'anglais, elle riait beaucoup et fut très gentille avec moi, même si elle se souciait assez peu de répondre à mes questions.
Elle était de passage dans la région pour donner un spectacle, je ne me souviens plus où. Elle est morte quelques années plus tard, en 1984.

( ... )- Enfin, je suis passée devant le Halfway Inn, puis le Jean-Dequen à peu près deux cent mille fois, puisqu'il était à l'angle des boulevards Mellon et du Royaume (anciennement la route 170), que j'empruntais quotidiennement ou presque, pour le travail ou chaque fois que je devais me rendre à Chicoutimi.aubergeHalw2.jpg La bâtisse au charme suranné faisait vraiment partie du paysage, mais depuis quelques années, elle semblait plus ou moins à l'abandon. Il ne subsistait pas grand-chose de sa gloire passée. (Voyez l'inscription sur cette carte postale: "The pride of the Saguenay", rien de moins, et en anglais à part ça). "

Des mots.D'émotions-mêmes. Qui illustrent le fait de notre propre humanité. De notre propre sensibilité d'être. En vie. Et de ressentir.

Merci la vie !

Merci à Denise Pelletier.

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