lundi 19 avril 2010

Le blues de la Métropole : Grâce et dommages



http://www.cyberpresse.ca/images/bizphotos/435x290/201003/03/151574-suis-gene-kelly-chante-danse.jpg
Photo: Ivanoh Demers, La Presse

Livret : Louisa Déry et Michèle Grondin
Paroles et musique : Beau Dommage
Metteur en scène : Serge Denoncourt
Directeur musical : Christian Péloquin
Chorégraphes : Nicolas Archambault et Wynn Holmes
Décors : Guillaume Lord

Avec :
Normand D’amour : Yvon
David Laurin : François
Marylène Cousineau : Julie
Éric Paulhus : Paul
Sophie Tremblay : Marie-Chantale
Carl Poliquin : Marc
Pascale Montreuil : Diane

Nous sommes en mai 1976…
Six jeunes, trois gars et trois filles, âgés entre 18 et 28 ans, vivent leurs amitiés et leurs amours dans ce quartier montréalais qui les a vu grandir : Villeray. Ils se retrouvent régulièrement chez Yvon, joueur de hockey professionnel à la retraite et propriétaire de la brasserie du quartier. Accueillant et complice de ce gang de jeunes, Yvon les paterne malgré ses ennuis personnels. Les séries éliminatoires sont propices aux rencontres et retrouvailles chez Yvon. Ce printemps de 76 sera des plus mouvementés pour nos protagonistes.


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Dans la merveilleuse sphère des comédies musicales, du théâtre musical, une mode sévit en ce moment. Une mode prisée qui commençe à devenir redondante : L'adaptation d'un corpus de chansons d'un interprète ou d'un groupe en CM. En voici quelques exemples : Mamma Mia, Across the Universe, We Will Rock You.

Ce concept est une bonne idée en soi, une idée paresseuse, certes, à mon avis, mais une bonne intuition. Mais une idée dangeureuse, sournoise, qui contient un grna nombre de piège. Pièges dans lesquelles la plupart de ses émules semblent tomber. Sauf, me semble-t-il across the universe. Il y a une dimension mercantile et publicitaire derrière tout cela qui m'énerve.
Vouloir rentabiliser de gros succès musicaux publiques pour les rassembler dans une même oeuvre (?) !
À moins de verser dans la variété-medley dans l'acabit de Québec Issime, il est difficile de composer quelque chose d'homogène, ayant sa personnalité propre, originale.

Le très ( trop ) médiatisé "Blues de la Métropole " concocté par Serge Denoncourt a hélas échoué dans ce sens. Pas sur tout la ligne, mais assez pour que je puisse qualifier cette boulimie nostalgique de ratage, dans l'ensemble. Et je m'en désole moi-même.
J'avais si hâte de voir ce spectacle.
Quand je parle de ratage, j'entends sur le plan artistique et théâtral.
Car sur le plan personnel, j'ai été ravi, à plusieurs reprises.

Allons-y plus systématiquement maintenant, plus spécifiquement.

J'ai aimé :
  • La qualité des interprétations vocales qui sont claires, fluides, senties, aériennes. Par exemple : Tous les palmiers ( Éric Paulhus ), Le passager de l'heure de pointe ( Carl Péloquin ) , Chinatown ( Poliquin et Pascale Montreuil ), Tout va bien ( David Laurin et Normand d'Amour ) , Ginette ( David laurin ), Berceuse pour moi toute seule ( Sophie Tremblay ) , Du milieu du Pont Jacques-Cartier - c'est une chanson difficile à rendre malgré les apparences- ( Poliquin ), Le triptyque de la nuit ( Toutes les voix ), Incident à Bois-des-filion (Éric Paulhus et marylène Cousineau ), 23 décembre et Tellement on s'aimait ( Toutes les voix ), Le picbois ( D'Amour, Paulhus et Laurin ) ,Motel mon repos ( Poliquin et Montreuil )Particulièrement dans le cas de David Larin, Sophie Tremblay,Pascale Montreuil et Éric Paulhus.
  • L'immense réussite des arrangements musicaux et de la direction de Christian Péloquin.
  • Le travail colossal,brillant et polyvalent à souhait du scénographe Guillaume Lord. Il fait beaucoup avec rien; je pense notamment à la forêt de boulots en tuyaux descendus du plafond lors de Picbois et le décor hivernal rétro-kitsch du Chinatown.
  • Les "numéros" suivants beaucoup beaucoup : Répertoire : Le générique défilant sur un écran dans un contexte pictural de journal , Chinatown ( le décor ), Ginette ( la mise en scène )La complainte du phoque en Alaska ( le bridge dansé merveilleusement, chorégraphié avec emphase ), C'est samedi soir ( Arrangements musicaux et enthousiasme de l'ensemble ),le triptyque Heureusement qu'il y a la nuit- Marcher tout seul sur une route de campagne - Rouler la nuit ( Mise en scène, éclairage, scénographie, voix, interprétaion dramatique ), Motel Mont Repos ( Scénographie, interprétation et mise en scène )Le vent du fleuve ( interprétation vocale, projection )Le picbois ( Tout ! ) , Le passager de l'heure de pointe ( la scénographie et la chorégraphie ), Tout va bien ( Tout ! )
  • Les surprises suscitées par le choix des chansons Gisèle en automne ( qui n'est pas du tout connu ou presque ) , Du milieu du pont.. ( que je n'aime pas en album et que j'ai préféré ici ), Berceuse pour moi toute seule ( un bijou inconnu ou presque ) ,Regarde papa ( une inédite que j'ai adoré ).
  • La transcendance suscitée par certaines chansons qui semblent retrouver une nature nouvelle et insoupçonnée : Le picbois ( rigodon ), Du milieu du pont..., Le passager.., Marcher tout seul.. ( une autre que j'ai préféré ici..),Le coeur sur la corde raide, Tellement on s'aimait ( surtout ).
  • Certaine chorégraphies de Nicolas Archambault et Wynn Holmes : Le passager...,La complainte du phoque, Le coeur sur la corde raide.
  • Le medley-karaoké sympathique et rassembleur de l'après salut.
  • Mais surtout, surtout;l'extrême générosité qui se dégage de tout, tout, tout. Et qui aide à pardonner ce qui va suivre

J'ai moins aimé :

  • Le nombre exagéré de chansons retenues : 29, on arit pu réduire à 20, quitte à les réutiliser.Je comprends que le choix a dû être douloureux, mais tout de même. Trop c'est comme pas assez. Et même pire, parfois.
  • L'omission de Marie-Chantale, d'autant plus qu'un personnage principal portait ce prénom. Bon débarras, une pièce instrumentale de l'album "Où est passé la noce " aurait bien pu servir de liaison.Le géant Beaupré autrement qu'en liaison ( justement ), Sur la véranda aurait judicieux,.J'aimais l'hiver, Voilà pour l'essentiel
  • L'inutile et fastidieux - pour ne pas dire plus- épilogue.
  • Le massacre du Blues de la métropole en chanson de taverne, entonnée comme Chevalier de la table ronde...
  • Les perruques et moustaches , particulièrement dans l'éilogue
  • Les projections très distrayantes pendant Tellement on s'aimait.
  • Le personnage insupportable , dans l'ensemble du camelot avec le gilet du CH. Mais diable que faisait-il dix ans plus tard, dans le même contexte ?
  • L'utilisation inégale et insuffisante de la chorégraphie.
  • Les projections pas toujours pertinentes.
  • La redondance de Gisèle en automne. Heureusement qu'elle fut fait au complet vers la fin.
  • La sous-utilisation du personnage d'Yvon joué par Normand d'amours ( avec beaucoup de justesse d'ailleurs )
  • Mais surtout, l'ultra-ultra minceur du scénario répétitif, cliché et assez vide finalement. Avec des personnages de cet époque on aurait pu tellement étoffer davantage.
Mais somme doute, j'ai été ému et surpris, plus souvent qu'à mon tour.
Et en avoir le moyen pécunier; j'y retournerais un couple de fois.
Mais qui sait ?
Et si cette oeuvre permet aux jeunes générations de découvrir Beau Dommage, comme l'album de 2005(?), l'essentiel est là, à mon sens.

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