mardi 8 juillet 2008

Dissertation autour de deux nouveaux officiers

Pour mes deux grands amours,
et aussi pour toutes les Claudette, Laurette, Stella et Gisèle de ce monde.

Image : cbc news

Image de : Photo Reuters. Agence France-Presse

J'aime Aznavour. Je suis contre l'avortement. Et je ne sais au juste quoi penser de l'ordre du Canada. Cela commençe bien, n'est-ce pas ? Mais j'aime l'idée des étoiles dans le cahier de l'écolier. J'ai viscéralement besoin de rétroaction, de reconnaissance. J'ai donc un beau parti-pris pour les honneurs. je me projette là-dedans- l'honneur que l'on rend aux autres - comme un voyeur et un envieux. Et comme je suis en manque constant, non pas d'honneur, mais de reconnaissance positive, je vois ce genre d'absence partout.

Le sommes-nous vraiment, en manque, dans ce monde ? En manque de remercients, de félicitations, de "congratulations", d'encouragements empathiques ? Je crois que oui. Un bon nombre d'âmes ont mal par famine d'empathie et d'encouragement. Moi j'appelle cela, la valorisation. Enfin.... L'auto-valorisation est à la mode, par contre.

Revenons à notre propos initial, et principal. Les dernières distinctions de l'ordre de notre Canada. DESIDERANTES MELIOREM PATRIAM. Qui signifie ? « ils veulent une patrie meilleure ».

Grand bien nous en fasse. C'est sûr. L'Ordre du Canada est la plus haute distinction civile au Canada. On la décerne en signe de reconnaissance. Pour "une vie exceptionnelle dévouée à la communauté. Il couronne l’œuvre d’une vie, le dévouement exceptionnel d’une personne envers la communauté ou une contribution extraordinaire à la nation. " dit-on plus officiellement.*

Ces vertus sont forts louables ; Je ne le nie pas. Mais certains points m'agacent dans tout cette "parade" honorifique. Justement, d'abord, pour moi c'est une parade. Avec les tambours et les trompettes de circonstance. C'est ostentatoire. Comme certains compliments, dans la vie, qui font du bruit, mais qui manquent de spontanéité, d'initiative et de senti. Reconnaître le mérite de quelqu'un et le faire par obligation, c'est l'équivalent de ne pas faire d'éloges du tout, selon moi.
Je sais, c'est quand même mieux que les éloges funèbres qui camouflent parfois mal l'hypocrisie et la culpabilité. Au moins, le destinataire est là pour les entendre.

Il y a un jeu politique, une intention politique, derrière, qui me trouble également. Une sorte d'arrivisme protocolaire et ostentatoire, comme je le disais plus tôt. Je questionne - dans le même sens - le nombre d'honoré(e)s. Depuis que l'ordre existe, je ne combien, il y en a. Mais il y a des masses.
Malgré mes convictions contre l'avortement, je ne prétends pas que la nomination de Henry Morganteler est nécessairement contestable. D'un certain point de vue moral, oui, Jusqu'à un certain point. Je suis contre l'avortement, disais-je, mais je ne suis pas forcément pro-vie.Car ce groupe, Pro-vie, je le trouve nettement trop de droite - en général - , trop hermétique. Je crois qu'il y a plus qu'une petite parcelle de vie dans un foetus de trois mois, mais de là à dire que c'est un être humain et qu'il s'agit d'homicide, il n'y a qu'un pas. Intellectuellement, s'entend.
Oui, un être, plutôt un organisme - est en devenir-.Un organisme vivant, potentiellement humain. Ce ne serait-ce que pour cette raison, je m'oppose à toute intervention visant à enlever la vie, qu'elle soit en devenir ou déjà potentiel.

Il y a une offensive ardente et féroce chez ce genre de groupe, je le comprends. Ils font avancer certains causes légitimes en se battant, en guerroyant ainsi.


Avec cette décision, les pro-vie hurlent et larmoient, pendant que les pro-choix festoient et crient hourra à la démocratie. Mais le Docteur M., dans tout cela ?

Je salue le courage, tout de même, du comité de l'ordre, pour ce choix. De leur point de vue, il est clair que ce monsieur a fait oeuvre humanitaire en aidant toutes ces femmes dans leur libre choix de ne pas enfanter. En leur permettant d'avorter dans des conditions décentes. Ainsi, il a démocratisé la maternité en quelque sorte. Et une certaine morale conservatrice. Sur cet angle-là, certainement, qu'il a posé un geste exceptionnel. Mais, il y a des mais. il y a tellement de mais, me semble-t-il, que le dit comité, censé représenter l'ensemble ds canadiennes et des canadiens, tranche en honorant cet homme. Le débat n'est pas fini et l'unanimité est loin d'être encore évidente, sur le plan social. Tant qu'il y aura des femmes - ou des hommes - qui se prévaudrons de l'avortement d'un présevatif, on pourra toujours dire qu'il y a encore du chemin à faire.

Je dis cela, en étant tout à fait conscient que je ne pourrai jamais être pleinement objectif dans ce débat. J'ai 46 ans. J'ai été un enfant adopté. Et les deux êtres que j'ai plus plus aimé de ma vie, l'ont été également. N'eut été de la légalisation de l'avortement. Je ne serais peut-être pas de ce monde. Mes deux amis, non plus. Nonobstant moi-même, je vous jure que la terre, que la vie, que ma vie aurait manqué quelque chose. Mes deux amis ont été heureux dans leurs familles adoptives. Le courage et l'amour de leurs mères biologiques de donner la vie pour ensuite la laisser leur reprendre, a aussi démocratiser la maternité, et la paternité. Ces femmes aussi mériteraient tous les honneurs. Les miens, ils les ont pour l'éternité.Car leur choix a donner la vie une deuxième fois. Aux enfants d'abord, aux parents adoptifs ensuite. Vous voyez, je ne peux être objectif dans ce débat.
Et Aznavour ? Lui qui a fait la part belle aux femmes dans ses chansons. Comme l'autre, me diriez-vous ? Peut-être. Mais somme toute, permettez-moi d'aimer davantage l'oeuvre du premier. Celle-la a aimé la vie, la vie tournée vers autrui. Je ne sais trop comment finir cette dissertation. J'avoue. Voilà.

C'est pour cette raison, et pour les autres, que ce texte constitue le faisceau le plus personnel de mes phares, jusqu'à maintenant. Voilà. Fin.

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