dimanche 17 mai 2009

Dany Turcotte, le champion anti-homophobie

Photo Jean-Luc Barmaverain

Comme Janette Bertrand qui a parlé d'homosexualité dès les années 1960 à la télé et Pierre Elliott Trudeau qui a permis le vote du bill omnibus, décriminalisant l'homosexualité entre deux adultes consentants, Dany Turcotte a reçu le prix Lutte contre l'homophobie 2009.
On lui a remis cet honneur notamment parce qu'il a choisi d'avouer publiquement son homosexualité et permis de démystifier cette orientation sexuelle aux yeux de milliers de téléspectateurs.
«Je suis très touché de ça, a-t-il commenté. Si ma participation à Tout le monde en parle a permis l'autodérision et permis de dédramatiser tout ça, tant mieux.»

Le coanimateur et humoriste était surpris de l'ampleur de l'événement auquel assistaient environ 250 personnes, dont «toute la communauté gaie de Montréal», a-t-il spécifié, de même que plusieurs politiciens et l'abbé Raymond Gravel.
La ministre a rappelé la simplicité, le courage et la candeur du coanimateur, des qualités qui ont littéralement conquis le public.
«Je ne suis pas le Che Guevara de la cause homosexuelle, a lancé Dany Turcotte avec humour, quelques minutes avant la cérémonie, mais je suis content de faire évoluer la cause. Changer les mentalités, c'est plus difficile que les lois, c'est long. Ça prend plus qu'une génération pour y arriver, et il y a toujours du travail à faire. En Iran, il n'y a pas d'homosexualié, semble-t-il», a-t-il dit, ironique.
«Dans les cours d'école, la première insulte des jeunes, c'est de traiter les p'tits gars de fif ou de tapette. Après, des jeunes hommes comme David Fortin – je ne dis pas que c'était son cas − disparaissent.»
Pour l'événement, Dany Turcotte était accompagné de son conjoint des dix derniers mois, l'artiste-peintre Alexis Martin Courtemanche, le même qu'on a pu voir à ses côtés lors du gala Artis.
«Au gala, on nous a montrés souvent à la caméra, souligne Dany. On est un des rares couples gais officiels. Après le gala, j'ai reçu des commentaires et témoignages, dont ceux des jeunes hommes de petites villes du Québec. J'ai eu l'impression qu'on a été une sorte de modèles pour eux.»

Dany Turcotte a toujours su qu'il sortirait un jour ou l'autre publiquement du placard et il dément qu'on lui a forcé la main. À Tout le monde en parle, le temps était tout simplement venu. «Si j'ai réussi à faire monter le mouvement gai d'une marche sur le grand escalier, tant mieux.»

Il y a longtemps que Dany Turcotte a avoué son homosexualité à sa famille. À l'âge de 17 ans, lors d'un réveillon de Noël, il avait éclaté en sanglots devant ses proches et lâché le morceau.
«Nous (les personnalités publiques), on doit faire deux coming out, dit-il. Un dans notre vie personnelle et un autre en public. Il y a déjà quatre ans que j'ai fait le mien, en 2005.»

Dany Turcotte recevait son prix dans le cadre de la Journée internationale contre l'homophobie (le 17 mai) initiée par la Fondation Émergence et son président Laurent McCutcheon, également président de Gai Écoute.



Écrit par Agnès Gaudet

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