lundi 7 décembre 2009

Les vertus santé de l'amitié




«Qu'un ami véritable est une douce chose!» a écrit Jean de La Fontaine. Savait-il que, source de contagion et de bien-être, l'amitié nous aide à arrêter de fumer, à mieux tolérer la douleur et augmente notre espérance de vie? Une bonne raison de chouchouter ses amis.


Le bonheur serait particulièrement contagieux et ce, un peu plus que le malheur. Chaque nouvel ami heureux rehausserait notre bonne humeur de 9%, alors qu'un nouvel ami malheureux assombrirait notre moral de 7%, selon une importante étude de l'Université Harvard publiée dans The New England Journal of Medicine (2007). L'explication? Les neurones miroirs pousseraient notre cerveau à mimer inconsciemment les expressions faciales de ceux qui nous entourent, ont expliqué les chercheurs au New York Times. Plus on a d'amis joyeux, plus on nage dans le bonheur.

Toutes nos habitudes de vie, de notre alimentation à notre propension à l'activité physique, sont influencées par nos réseaux d'amitié. On s'en doutait, mais les études le prouvent désormais. Quand une personne devient obèse, ses amis ont 57% plus de risques d'être obèses à leur tour, révèlent les chercheurs d'Harvard, qui ont analysé les liens sociaux et les habitudes de vie de 12 067 personnes sur 32 ans. Si l'ami de notre ami devient obèse? Notre risque de prendre du poids serait de 20%, même si l'ami commun n'a pas pris une livre! Même chose chez les gens qui maigrissent: ça se passe en groupe.


«Dans tous nos comportements au quotidien, on s'évalue et on se compare constamment aux autres sans trop s'en rendre compte. C'est la comparaison sociale, explique Roxane de la Sablonnière, professeur au département de psychologie de l'Université de Montréal. On régule nos comportements selon ces comparaisons. On a envie d'un dessert, mais si personne à notre table n'en prend, on s'abstient. C'est ce qui fait que les gens se ressemblent et que le réseau d'amitié peut aider à être en santé.»

Si nos proches collègues cessent de fumer, on a 34% plus de chances d'écraser aussi. «La sensibilisation antitabac a infiltré les réseaux d'amitié et, tranquillement, les gens ont commencé à arrêter et se sont influencés les uns les autres, indique Roxane de la Sablonnière. À la base, les normes sociales gouvernent nos comportements. C'est vrai dans la société en général, mais tout autant dans les plus petits groupes auxquels on appartient.»

L'amitié surpasse même l'amour au chapitre de l'influence sur les habitudes de vie, probablement parce qu'on se compare d'abord aux personnes du même sexe, expliquent les experts. Si une femme devient obèse, les risques de son conjoint de devenir obèse augmentent de 37%. Si l'obésité touche plutôt un ami de même sexe? Les risques grimpent de 100% chez l'homme! Les amis, et pas les conjoints, diminueraient d'autre part les risques de maladie cardiaque mortelle chez les hommes d'âge moyen, ont noté des chercheurs suédois. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, l'effet contagieux ne serait pas altéré par la distance. Loin des yeux, près du coeur.

L'amitié a d'autres vertus santé. Après une intervention chirurgicale majeure, les patients entourés de plusieurs amis vivent une récupération plus rapide et ressentent même moins de douleur, indique une étude publiée en 2009 dans le Journal of the American College of Surgeons. Chez des étudiants qui devaient grimper une pente abrupte, sac au dos, ceux qui effectuaient l'exercice en compagnie d'un ami ont trouvé la randonnée plus aisée que les étudiants qui procédaient à l'exercice en solitaire, révèle une étude de l'Université de Virginia. Plus l'ami était connu depuis longtemps, moins la pente avait semblé abrupte.

«Tous les êtres humains ont un besoin fondamental d'être entourés, d'être aimés et d'appartenir à un groupe», souligne Roxane de la Sablonnière. Aussi, les femmes atteintes de cancer du sein risquent quatre fois moins de mourir de la maladie lorsqu'elles ont 10 amis ou proches ou plus, comparativement aux patientes isolées socialement. La proximité de ces amis et la fréquence des contacts n'influenceraient pas les chances de survie, démontre une étude publiée en 2006 dans Journal of Clinical Oncology.

L'an dernier, des chercheurs américains ont d'autre part montré que de forts liens sociaux aident, au cours du vieillissement, à maintenir son cerveau en santé. Mieux encore, les amis contribueraient même à prolonger l'espérance de vie. Selon une étude australienne menée sur 10 ans, les personnes âgées qui possédaient un important cercle d'amis couraient 22% moins de risques de décéder au cours de l'étude.
«Les personnes âgées bien entourées vivent plus longtemps et en meilleure santé parce qu'elles se sentent bien dans un groupe dont elles partagent les valeurs, les intérêts, le plaisir, indique Roxane de la Sablonnière. Cette identité de groupe positive se répercute sur leur identité personnelle et valorise leur estime de soi. On se sent utile et apprécié. L'appartenance à un groupe affecte une panoplie de caractéristiques personnelles liées au bien-être comme la santé physique.»
9%
Avoir des amis heureux augmente notre bonne humeur de 9%. Les amis malheureux? Ils minent notre moral de 7%. C'est de la contagion sociale.
57%
Lorsqu'un ami devient obèse, on a 57% plus de risques de le devenir aussi. Notre conjoint grossit? Nos risques d'en faire autant ne sont que de 37%.
22%
Selon une étude australienne menée sur 10 ans, les personnes de 70 ans et plus, et dont le cercle d'amis était important, avaient 22% moins de risques de mourir durant cette période, même si elles vivaient des événements graves comme le décès d'un conjoint.
Les femmes atteintes du cancer du sein risquent 4 fois moins de mourir de la maladie lorsqu'elles ont 10 amis proches ou plus.




Sophie Allard

La Presse

2 commentaires:

Anonyme a dit…

ALORS VIVE L'AMITIE!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
monica

atalante a dit…

Oui effectivememnt. Vu de cet angle la on a intéret èa la cultiver précieusememnt non